Les secrets d’une réussite

Depuis trente-cinq ans, les établissements scolaires sont ouverts à tous, gratuitement. Un système égalitaire qui a largement fait ses preuves.

Publié le 18 février 2007 Lecture : 2 minutes.

Oulu, une ville finlandaise de 120 000 habitants, à moins de 200 kilomètres du cercle polaire. On y trouve le principal centre de recherche et les bureaux de développement de Nokia et de quelque huit cents entreprises high-tech, qui ont remplacé les anciennes usines à papier, et probablement plus d’ingénieurs superdiplômés au mètre carré que n’importe où dans le monde.
Cette étonnante concentration intellectuelle est à mettre au crédit du système d’enseignement finlandais, considéré par tous ceux qui s’y intéressent, y compris l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), comme le meilleur du monde. La Finlande est aussi l’un des trois pays les plus compétitifs de la planète. « Les enseignants sont respectés, explique le Premier ministre Matti Vanhanen. Les gens de grand talent sont attirés par le métier de professeur, jugé comme l’un des plus prestigieux. » Comment la Finlande en est-elle arrivée là ? Tapani Ruokanen, le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Suomen Kuvalehti, estime que le point de départ remonte au XVIIIe siècle, du temps où les évêques luthériens ne voulaient marier que ceux qui pouvaient lire la Bible. Puis, au XIXe, il y a eu toute une série de revivals, de mouvements de réveil de la foi, qui ont entraîné la création d’une foule de journaux et de magazines. De l’avis général, le tournant a été une décision prise dans les années 1970 par le gouvernement social-démocrate. Avant, les élèves de la classe ouvrière ne pouvaient accéder aux études supérieures que s’ils décrochaient une bourse couvrant leurs frais de scolarité. Depuis trente-cinq ans, les établissements scolaires sont ouverts à tous, gratuitement.
Dans un livre récent, Marie-Laure Foulon, la correspondante à Stockholm du quotidien français Le Figaro, écrit que le point essentiel de la réforme des années 1970 a été de « considérer qu’il valait mieux favoriser le passage du bas au milieu que du milieu au sommet ». Selon elle, le succès finlandais montre qu’un système fondé sur l’égalité des chances était supérieur au système français, caractérisé par « l’excellence au sommet et la médiocrité en bas ». « Le sommet, dit-elle, ira au sommet de toute façon. »
Une grande partie du succès du système finlandais tient au fait qu’il s’attaque aux problèmes qui peuvent se poser partout : veiller à ce que les enfants soient bien nourris en proposant à l’école des repas gratuits comme financer les déplacements. Aucun élève, même s’il se conduit très mal, ne risque l’expulsion. L’école a la responsabilité de régler les problèmes de comportement. Quinze pour cent seulement des candidats à des postes d’enseignants sont acceptés. Une fois engagés, ils sont invités à se tenir au courant des travaux sur l’éducation, de sorte que les décisions pédagogiques soient prises sur des bases rationnelles. En outre, les enseignants font régulièrement des stages au cours de leurs longues vacances pour parfaire leurs connaissances.
Bref, les Finlandais travaillent de bon cur. Ils n’ont pas hérité d’un système d’enseignement stratifié, et ils apportent la preuve que l’égalité n’empêche pas le progrès mais le favorise.

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