Les dossiers chauds

Publié le 18 février 2007 Lecture : 3 minutes.

Pour que le dernier sommet Afrique-France de Jacques Chirac reste dans les annales, il fallait à tout prix qu’il débouche sur quelques résultats concrets. Il n’y a point eu de résolution finale, c’est une tradition. En revanche, les Français ont tenu à ce que se tienne, en marge des travaux, un « mini-sommet » consacré au Darfour et, plus largement, au conflit entre le Soudan, le Tchad et la Centrafrique.
Idriss Déby Itno a bien tenté de faire capoter la réunion, mais il ne pouvait pas vraiment refuser ce plaisir à la France, qui lui a porté secours. Après la première journée, huit chefs d’État se sont donc retrouvés pour tenter de réconcilier les belligérants. Autour d’Omar Hassan el-Béchir, d’Idriss Déby Itno et de François Bozizé avaient pris place John Kufuor, président en exercice de l’Union africaine, Denis Sassou Nguesso, qui lui transmettait le flambeau, le doyen Omar Bongo Ondimba, Hosni Moubarak, dont le pays est voisin du Soudan, et bien sûr Jacques Chirac, qui a préféré laisser son siège à son ministre des Affaires étrangères après avoir mis en relation les protagonistes. Louis Michel, le commissaire européen au Développement, et Saïd Djinnit, commissaire à la Paix et la Sécurité de l’UA, étaient également présents. Après deux heures de discussions tendues, de véhémentes diatribes de Déby Itno contre les incursions soudanaises sur son territoire, une défense acharnée de Béchir, un arbitrage de Kufuor – qui découvrait le dossier – et une intervention claire de Moubarak (pas de troupes onusiennes au Darfour et à la frontière sans dialogue politique, nécessité d’inviter les rebelles des deux bords à la table des négociations), tout le monde s’est mis d’accord pour signer un texte préparé par la France. Un document qui ne fait que réitérer des engagements anciens, mais le symbole est là. Dans l’histoire troublée du Darfour, il existera désormais une « déclaration de Cannes ».
La France tenait également à ce que la Guinée ne soit pas oubliée, et Chirac l’a fait savoir à ses homologues ouest-africains. Côté guinéen, seuls l’ambassadeur en France et le directeur des Affaires extérieures étaient présents, Mamady Condé, le ministre des Affaires étrangères, ayant dû rentrer précipitamment à Conakry, où sa maison venait d’être mise à sac. Mais les dirigeants de la Cedeao ont pris le problème à bras-le-corps. Une résolution condamnant les violences, s’inquiétant de la dégradation de la situation sécuritaire et appelant les autorités à « faire preuve de retenue et d’esprit de responsabilité » a été préparée dans la suite de la délégation du Burkina (ce pays présidant la Cedeao), à l’hôtel Martinez, puis, dans la soirée du 15, soumise à John Kufuor, qui résidait pour sa part au Carlton, à quelques encablures de là. Selon des sources sénégalaises, la délégation représentant le président Wade était favorable à une prise de position très ferme contre les agissements du régime Conté. La déclaration a été annexée au communiqué final du sommet.
Une fois n’est pas coutume, la Côte d’Ivoire n’a pas tenu le haut du pavé. La délégation de ce pays était conduite par Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social. Mais alors que le dialogue direct semblait progresser à Ouagadougou (voir encadré ci-après), les Burkinabè sont restés très discrets sur l’avancement de leur médiation. Le Malien Amadou Toumani Touré a néanmoins publiquement félicité Compaoré pour « son implication dans le dialogue direct ivoirien ». La France, elle, a semblé se reposer entièrement sur la Cedeao et l’Union africaine.

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