À la recherche de l’opposition

Publié le 18 février 2007 Lecture : 2 minutes.

On a très peu vu et entendu l’opposition depuis le déclenchement, le 10 janvier, de la crise. Tout se passe comme si les adversaires politiques de Conté attendent, pour entrer dans la danse, que les centrales syndicales, et les nombreux manifestants qui essuient les balles de l’armée, arrivent à bout du régime. En clair, qu’ils fassent le travail pour que l’opposition en récolte les fruits.
Sidya Touré, Alpha Condé et Mamadou Bhoye Bâ sont présents à Conakry, mais ils laissent l’initiative aux leaders syndicaux et à la rue. Tout au plus interviennent-ils par le biais de communiqués pour soutenir le mouvement ou appuyer ses revendications. Ainsi de cette déclaration du 7 février dans laquelle ils manifestent leur soutien à l’action de « l’intercentrale », exigent le départ de Conté et l’organisation d’une transition suivant les recommandations du « Dialogue des forces vives de la nation » qui s’est tenu à Conakry du 17 au 20 mars 2006.
Au-delà du discours, l’opposition est attendue sur le terrain de la mobilisation, pour venir en appoint à des syndicats qui sont sortis, bien malgré eux, de leur domaine d’intervention traditionnel en posant des revendications purement politiques. Après avoir exigé la mise en place d’un nouveau gouvernement et réussi à faire accepter le principe de la nomination d’un « Premier ministre de consensus », la CNTG et l’USTG ont demandé le départ du chef de l’État, le 10 février. Elles ont atteint leurs limites objectives, surtout après les mobilisations exceptionnelles qu’elles ont suscitées. Essoufflés et traqués, Ibrahima Fofana et Hadja Rabiatou Sérah Diallo doivent aujourd’hui être relayés dans le combat pour le changement par les postulants à la succession de Conté. Mais ces derniers semblent ne pas l’entendre de cette oreille. Ils estiment inefficace de se mettre au premier plan. Dans un pays où les partis politiques recoupent la carte ethnique, les leaders de l’opposition restent persuadés qu’ils vont casser l’unanimisme du combat syndical s’ils s’y impliquent. À les entendre, les Soussous pourraient, le cas échéant, se retrouver autour de leur « parent » Lansana Conté et s’opposer aux autres dans un élan de solidarité régionale.
Pour ne pas courir ce risque, Touré, Condé et Bâ pensent être plus efficaces s’ils aident le mouvement en sourdine. En incitant notamment leurs militants à prendre part aux actions aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

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