La Corée du Nord ou la souris qui rugit ?

Publié le 18 février 2007 Lecture : 2 minutes.

En 1955, l’écrivain irlandais Leonard Wibberley publia un livre amusant sous le titre The Mouse that Roared, soit « La souris qui rugit ». Quelques années plus tard, l’histoire fut portée à l’écran par Jack Arnold avec Peter Sellers (dans trois rôles différents) et la regrettée Jean Seberg. Le film connut un grand succès. L’intrigue était aussi simple que délirante. Le duché de Grand Fenwick (situé entre la France et la Suisse mais qui n’existe, bien sûr, que dans la tête du romancier), confronté à de graves difficultés économiques, décide de déclarer la guerre aux États-Unis d’Amérique. L’idée est d’être rapidement mis en déroute puis de profiter de l’aide américaine pour reconstruire et développer le pays : en 1955, le plan Marshall est encore frais dans toutes les mémoires. Et c’est ainsi que le duché envoie une force d’invasion, munie d’arbalètes, attaquer New York. Mais le plan échoue misérablement : le général Tully Bascombe, qui dirige la petite armée médiévale, n’a rien compris et, par un concours de circonstances assez extraordinaire, il finit par vaincre et conquérir les États-Unis
On connaît la formule de Marx : lorsque l’histoire se répète, la première fois c’est une tragédie, la seconde fois une comédie. En examinant l’accord qui vient d’être signé à Pékin [le 13 février], dans le cadre des négociations à six, sur le démantèlement du programme nucléaire militaire de la Corée du Nord, on peut se demander si ce n’est pas l’inverse. La joyeuse blague de Wibberley est devenue, un demi-siècle plus tard, une sinistre farce. Voici donc un État qui affame, opprime, tue ses propres citoyens pour mieux affecter toutes les ressources du pays à la construction de la bombe atomique. Tout cela afin d’obtenir, par le chantage, une aide économique qui masquera sa faillite. Un million de tonnes de pétrole gratis chaque année, beaucoup d’États tranquilles et qui ne menacent personne, en Afrique notamment, ne peuvent qu’en rêver.
La réalité dépasse la fiction, dit-on parfois. Le plus extraordinaire, dans The Mouse that Roared, c’est que le duché mettait la main, par hasard, sur la bombe-Q (sic), un engin explosif capable de détruire la terre entière. C’est la possession de cette bombe qui lui donnait l’avantage dans sa confrontation avec les États-Unis. Quand on sait que Kim Jong-il, l’extravagant dictateur qui gouverne la Corée du Nord, est un vrai fan de cinéma (on dit qu’il possède plus de vingt mille vidéos) et qu’il se pique de produire lui-même des films (le dernier s’intitule Journal d’une étudiante), on ne peut pas écarter l’hypothèse que le film de Jack Arnold soit l’un de ses favoris, à moins qu’il n’ait lu le livre de Wibberley lui-même. Il va falloir surveiller les lectures des dictateurs

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