Torture : Bush persiste et signe
A la veille de l’anniversaire du 11 Septembre, le président George W. Bush a présenté une assez étonnante défense de la manière dont la Central Intelligence Agency – la CIA – a traité les détenus des prisons secrètes à l’étranger, en ayant recours à des techniques qu’il qualifie de « dures mais sans risques » – mais que le reste d’entre nous considère comme de la torture. Il est allé jusqu’à se glorifier de la quantité d’informations que la CIA a ainsi obtenues des chefs d’al-Qaïda incarcérés dans ces prisons. Certes, il a indiqué que les cellules fantômes sont désormais vides et que leurs plus dangereux occupants ont été transférés sous la lumière relative des conditions de détention de Guantánamo, à Cuba. C’est un progrès : ils sont plus près d’un procès public et d’une procédure de jugement légale.
Mais nous ne devons pas nous laisser abuser par ce qui semble être des concessions à la communauté internationale, aux défenseurs des droits de l’homme et à la Cour suprême américaine (qui a récemment rejeté les projets du président sur la manière de juger les suspects de terrorisme). Mais Bush a clairement indiqué que bien que vides, les prisons secrètes continueront d’exister. Il a même eu l’audace de demander au Congrès d’accorder aux collaborateurs de la CIA qui y travaillent, et qui ne sont pas couverts par les nouvelles règles du Pentagone, une nouvelle impunité contre toute poursuite pour utilisation de la torture, sauf s’il s’agit de ses formes les plus flagrantes.
Bref, les choses peuvent continuer exactement comme avant, et si les États-Unis ont la chance de capturer demain un autre responsable d’al-Qaïda (et si le Congrès accède à la demande de Bush), ceux qui l’interrogeront auront pratiquement carte blanche sur la manière de le traiter. Les militaires peuvent garder les mains propres, la CIA se les salit jusqu’aux coudes.
L’accusation pourrait utiliser des preuves obtenues par la contrainte, ou par ouï-dire, ou des preuves gardées totalement secrètes. Ce sont là des violations des principes les plus élémentaires de la justice, et Dieu merci, même certains sénateurs républicains ont eu le courage de les condamner. Mais cela ne signifie pas qu’ils auront le courage de rejeter définitivement le projet, à la veille d’élections de la mi-mandat où leur parti est menacé de lourdes pertes.
Cinq ans après avoir déclenché une guerre contre le terrorisme qui a ruiné l’autorité morale de l’Amérique à l’étranger – et qui a été spectaculairement contre-productive dans la conquête des curs et des esprits dans le monde musulman -, Bush semble n’avoir toujours pas compris pourquoi la torture et la loi martiale ne lui permettront pas de la gagner. Les informations recueillies, s’il y en a, ne pèseront finalement pas grand-chose face aux dommages causés à l’image de l’Amérique chez elle et à l’étranger.
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