Remue-ménage chez les entraîneurs

Les nouveaux « sorciers blancs » parviendront-ils à faire oublier aux sélections nationales du continent leurs échecs à la Coupe du monde ?

Publié le 17 septembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Au rendez-vous du football international organisé par la Fifa et l’UEFA (Union des associations européennes de football) du 11 au 13 septembre, à Berlin, quelques absences ont été particulièrement remarquées. Trois des sélectionneurs des cinq équipes africaines qui ont disputé le Mondial allemand n’étaient pas au rendez-vous. Et pour cause : ils ont rendu leur tablier.
Le Français Henri Michel a rompu avec les Éléphants de Côte d’Ivoire et s’en est allé exercer au Qatar. Le Serbe Ratomir Dujkovic n’a pas renouvelé son contrat avec le Black Star du Ghana. Quant à l’Allemand Otto Pfister, il a quitté précipitamment les Éperviers du Togo pour le club soudanais d’El Merrikh de Khartoum, où il touchera un salaire mensuel de 15 000 dollars. Les dirigeants des fédérations ivoirienne (FIF), ghanéenne (GFA) et togolaise (FTF) ont donc été contraints de partir en chasse de nouveaux « sorciers blancs ».
En Côte d’Ivoire, les responsables de la FIF, échaudés par les expériences tentées avec Robert Nouzaret et Henri Michel, ont décidé de rompre avec la filière française. Parmi vingt-cinq candidats, ils avaient jeté leur dévolu sur l’ancien champion du monde allemand, Jürgen Kohler. Celui-ci avait accepté la charge, avant de se rétracter. « La Côte d’Ivoire possède des joueurs plus talentueux que ceux du Bayern Munich, a-t-il expliqué. Mais j’ai refusé l’offre. Je souhaite diriger une équipe de club où l’implication est quotidienne. » Les craintes de madame Kohler quant à la situation sécuritaire à Abidjan auraient également pesé dans la balance. Finalement, c’est un de ses compatriotes, Ulrich Stielike, 52 ans, ancien coach de la Suisse et des Espoirs allemands, qui l’a remplacé au pied levé.
Au Ghana, Kwesi Nyantakyi, le président de la GFA, a rejeté l’offre du Français Philippe Troussier, pour retenir celle de son compatriote, l’infatigable Claude Le Roy. Sa mission : faire en sorte que les Black Stars – sevrés de gloire depuis 1982 – remportent la CAN 2008, qui se jouera chez eux.
Au Togo, Rock Gnassingbé, le président de la FTF, affronte les conséquences du chaos qui avait secoué l’équipe nationale lors de la Coupe du monde. Le 13 juillet, quatre membres du bureau fédéral ont démissionné pour divergence d’opinion avec leur patron. Un mois plus tard, la Fifa a infligé à la FTF une amende de 126 000 euros, en raison du conflit sur les primes des joueurs qui avait éclaté avant et pendant la compétition mondiale et qui avait amené Pfister à jeter l’éponge.
La quête d’un sélectionneur a également préoccupé d’autres fédérations nationales. Depuis la démission du Portugais Artur Jorge, au lendemain de la CAN 2006, le poste de sélectionneur du Cameroun était vacant. Il a été pourvu le 18 août avec l’arrivée du Néerlandais Arie Haan (57 ans), ancien milieu de terrain de l’Ajax d’Amsterdam (il a été le coéquipier de Johan Cruyff) et d’Anderlecht, qui a porté trente-cinq fois le maillot orange des Pays-Bas et officié ces derniers temps comme sélectionneur de l’équipe chinoise.
Au Sénégal, les Lions de la Teranga sont, depuis juillet, placés sous l’autorité du Franco-Polonais Henry Kasperczack. Un familier du ballon africain pour avoir dirigé, respectivement, les sélections de Côte d’Ivoire, de Tunisie, du Mali et du Maroc, avec plus ou moins de succès. Au Mali, l’équipementier des Aigles, Airness, a imposé l’engagement du Français Jean-François Jodar, qui, de 1972 à 1975, a porté six fois le maillot tricolore.
L’Afrique du Sud, absente du Mondial 2006 mais hôte de la prochaine édition en 2010, se doit de bâtir une équipe solide en quelques années. Pour remporter leur pari, les dirigeants de la South African Football Association (Safa) ont embauché l’ex-entraîneur de la Seleção du Brésil, Carlos Alberto Parreira, démissionnaire depuis le 18 juillet. À tout seigneur, tout honneur, l’Afrique du Sud déboursera pour Parreira des émoluments mensuels de 1,8 million de rands (193 700 euros) pendant quarante-six mois, tandis que son assistant touchera 695 000 rands (75 000 euros). Un record absolu sur le continent !
D’autres sélectionneurs ne connaissent pas la même fortune. L’ancien gardien de but de l’équipe de France, Bernard Lama, avait choisi, en août, de répondre positivement à l’offre de la Kenya Football Association (KFA) et d’accepter le poste de sélectionneur des Harambee Stars. Mais ses poulains ont été défaits, le 3 septembre, à Nairobi, par l’Érythrée (1-2). Lama a alors fait ses bagages et menacé de « ne retourner au Kenya que si la KFA lui signait un contrat en bonne et due forme ». Au Nigeria, le coach des Super Eagles, Austin Eguavoen, n’a, lui, reçu aucun salaire depuis neuf mois

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