Laanigri : les raisons d’un départ
Rendu public le 13 septembre en fin d’après-midi par un simple communiqué de l’agence de presse officielle MAP et sans que le roi n’ait reçu auparavant, comme il est de coutume, les intéressés, le départ du général Hamidou Laanigri de la direction de la Sûreté nationale (il a été nommé inspecteur général des Forces auxiliaires) et son remplacement par le wali de Laayoune, Charki Draïss, n’a guère surpris les initiés. Gendarme, ex-cadre de la DGED (Renseignements extérieurs), puis patron de la DST au lendemain de l’avènement de Mohammed VI, jusqu’à sa nomination à la tête de la DGSN en juillet 2003, le général Laanigri ne paraissait plus en phase depuis quelques mois avec les proches collaborateurs du roi en matière de sécurité.
Problème de génération (Fouad Ali el-Himma, ministre délégué à l’Intérieur, et Yassine Mansouri, directeur de la DGED, sont des quadras, alors que Laanigri a près de 70 ans), de conception politique (le général est un sécurocrate alors que la génération M6 prône l’ouverture tous azimuts), mais aussi de partage du pouvoir. Hamidou Laanigri, qui a beaucoup servi au début du règne de Mohammed VI pour consolider la transition – on lui doit notamment le « traitement » des affaires Driss Basri et Moulay Hicham, ainsi que le démantèlement d’une partie des réseaux d’islamistes radicaux -, n’appréciait guère de voir ses capacités opérationnelles, ses accès directs au souverain et sa marge de manuvre réduits depuis son départ de la DST. Au point qu’il lui arrivait, ces derniers temps, de confier sa lassitude, voire son amertume.
Enfin et sans qu’il soit pour l’instant possible d’établir une relation formelle de cause à effet, on ne peut que noter la concomitance entre l’éviction de Laanigri et le limogeage, deux jours plus tôt, du responsable de la sécurité des palais royaux, l’ancien préfet de police de Tanger Abdelaziz Izzou, accusé d’avoir entretenu des liens avec un baron de la drogue. Cette affaire, mise au jour par la DST, aurait indisposé le roi au plus haut point. Nommé à un poste créé pour lui et d’importance stratégique nettement inférieure à celui qu’il occupait, le général n’ignore évidemment pas que cette mutation sera interprétée comme une mise à l’écart par les Marocains – tout au moins pour l’instant. Son successeur, Charki Draïss, 51 ans, est un pur produit du ministère de l’Intérieur où il a fait toute sa carrière. Directeur des Affaires générales en 1999, puis chargé du personnel d’autorité, il était wali de Laayoune depuis juin 2005.
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