De la trêve à la paix ?
Les pourparlers progressent entre le pouvoir et les rebelles, tandis que la CPI veille.
Enfin la fin ? L’ultimatum fixé en juillet par le président ougandais Yoweri Museveni aux rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA) expirait le 12 septembre. Ce jour-là, environ 400 rebelles en provenance de la forêt de Garamba et du nord du pays ont rejoint les deux camps de rassemblement d’Owiny Ki-Bul et de Ri-Kwangba, conformément à l’accord de cessation des hostilités conclu le 26 août à Juba (Sud-Soudan) et entré en vigueur trois jours plus tard. Satisfaites de la tournure que prennent les choses, les autorités ougandaises ont décidé de reporter la date butoir afin de poursuivre les pourparlers de paix. D’après Ruhakana Ruganda, le ministre de l’Intérieur, qui dirige la délégation gouvernementale, les négociations devraient donc continuer sous l’égide du vice-président du Sud-Soudan, Riek Machar. Ce dernier a d’ailleurs annoncé que le principal adjoint de Joseph Kony, Vincent Otti, avait rejoint le camp de Ri-Kwangba non loin de la frontière avec la République démocratique du Congo. Son chef se trouverait pour sa part à quelques kilomètres de là
Usés par vingt années de guerre, affamés, manquant de munitions, les 500 à 5 000 rebelles de la LRA n’ont aujourd’hui guère d’autre choix que la paix. S’ils ont longtemps bénéficié des mauvaises relations entre Kampala et Khartoum, ils vivent désormais sous la menace d’une offensive conjointe, comme les en a avertis le premier vice-président du Soudan, Salva Kiir. Condamnés à négocier, Joseph Kony et ses plus proches lieutenants rechignent néanmoins à sortir du bush, de peur de se retrouver aussitôt dans un avion pour La Haye – à l’instar de l’ancien président du Liberia Charles Taylor ou de Thomas Lubanga Dyilo, ancien dirigeant d’une milice du nord-est de l’Ituri (RD Congo). Selon le quotidien progouvernemental The New Vision, Vincent Otti aurait déclaré : « Vous savez que Kony et moi-même ne pouvons participer aux pourparlers de paix, alors que les chefs de la LRA y sont attendus en personne. Nous craignons les accusations de la Cour pénale internationale (CPI). »
Joseph Kony, Vincent Otti, Raska Lukwiya (abattu en août), Okot Odhiambo et Dominic Ongwen (déclaré mort en 2005, toujours vivant) sont en effet sous le coup de mandats d’arrêt internationaux pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, suite aux exactions – enlèvements et enrôlements d’enfants, viols, torture, etc. – commises dans le nord du pays. Quoi qu’il en dise, Museveni ne peut leur garantir d’amnistie, comme l’a rappelé Jan Egeland, le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des Affaires humanitaires. « Il ne peut y avoir d’impunité pour les personnes qui ont commis des crimes contre l’humanité », a-t-il déclaré après avoir passé une nuit dans le camp de déplacés d’Opit, à 40 kilomètres au nord de Gulu, et annoncé l’octroi de 267 millions de dollars à la région. Ainsi, les armes se sont tues, le cessez-le-feu est respecté, mais le sort du chef de la LRA et de ses principaux adjoints peut encore compromettre le traité de paix tant attendu
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