« Candidats du vide »

Publié le 17 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Pour rendre compte du débat d’idées à quelques mois de la présidentielle française, le quotidien Le Parisien a inauguré, le 13 septembre, une rubrique intitulée « C’est son avis ». Voici celui d’Emmanuel Todd, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined).

Le contexte « L’époque est au repli sur soi. Il y a une perte de sens de l’action collective dans tous les domaines. Même les syndicats se décomposent. C’est dans ce genre de monde incertain que peuvent apparaître ces fantômes politiques comme Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal, deux candidats du vide. »

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Ségolène Royal « J’ai l’impression qu’elle a été fabriquée par le vide et qu’elle n’est pas vraiment responsable de ce qu’elle est aujourd’hui. Un grand hebdomadaire et des sondages d’opinion, à eux seuls, tentent de faire croire qu’elle existe Ils l’ont désignée sans programme. C’est une sorte de putsch. Si c’est elle qui est désignée, on pourra dire que les sondeurs ont fait une OPA sur le PS. En tout cas, le Parti socialiste donne l’image d’une décomposition accélérée. »

Nicolas Sarkozy « Tout le monde l’a déjà oublié, mais toute sa vie politique n’est qu’une longue suite de gamelles [Il] est dans le système depuis longtemps. Il a vraiment gouverné, on l’a vu faire. Il y a chez lui un trait récurrent : la logique du bouc émissaire, qui est inséparable de la logique de l’impuissance. Il est dans une logique de division, pas de rassemblement. Je ne crois pas que Nicolas Sarkozy puisse séduire l’électorat français. Je crois même qu’il n’a aucune chance et qu’il perdra au second tour contre n’importe quel candidat de gauche. »

Pronostic « Prenez deux réalités électorales récentes. La plus proche, c’est le référendum sur l’Europe : 55 % de non. Or avec Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, on a deux candidats du oui. On est déjà dans une configuration où le clivage considéré comme essentiel par les Français n’est pas respecté Cela ne peut qu’encourager le vote Le Pen. [] La deuxième réalité électorale, c’est la défaite de l’UMP aux régionales. Avec tout cela, on peut raisonnablement pronostiquer une répétition inversée de ce qui s’est passé le 21 avril 2002 : un second tour avec cette fois le candidat FN opposé à un candidat du PS. »

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