Bureaucratie ou croissance, il faut choisir

Publié le 17 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Que se passe-t-il lorsqu’une autocratie communiste règne sur une économie de marché dynamique ? Peuvent-elles faire bon ménage, ou l’une va-t-elle forcément détruire l’autre ? La Banque mondiale estime que la qualité de la gouvernance chinoise a nettement chuté entre 1998 et 2004. Cette détérioration est particulièrement prononcée en matière de lutte contre la corruption. Minxin Pei, de la Fondation Carnegie, y ajoute, dans un livre récemment publié, la dégradation des services publics de l’enseignement et de la santé, l’étendue des dommages causés à l’environnement, la moindre capacité de l’État à faire rentrer les impôts (à quoi s’ajoute son incapacité à faire payer des dividendes aux sociétés qu’il est censé posséder) et le déclin de la légitimité politique du Parti communiste lui-même. Minxin Pei pense que les tensions sont en train de se durcir entre l’État et la société.
En offrant au monde sa main-d’uvre bon marché et laborieuse, et en consacrant près de la moitié de son PIB à l’investissement, la Chine est parvenue à s’extraire de sa pauvreté séculaire. La société qu’on voit émerger aujourd’hui est de plus en plus urbanisée, alphabétisée et ouverte sur le monde. Que cela présage-t-il pour l’avenir politique et économique du pays, et pour ses relations avec le reste du monde ? Je vois quatre possibilités.
La première : les réformes se poursuivent, l’économie continue de croître et la réforme politique est remise sur le métier. Un État de droit démocratique émerge en douceur au cours des quelques décennies à venir.
La deuxième : la Chine devient une économie de marché prospère sous un régime communiste réformiste. Une superpuissance autocratique bouleverse alors l’équilibre politique mondial.
La troisième : la Chine se révèle incapable de poursuivre les réformes nécessaires, ce qui finit par étouffer le dynamisme de l’économie. Le régime devient de plus en plus répressif, et la Chine offre un triste exemple de développement manqué.
La quatrième : un ralentissement de la croissance débouche sur une crise politique. Des troubles se déclenchent. Mais en fin de compte, c’est un régime démocratique qui émerge.
J’ai du mal à croire à la transition en douceur que suppose la première hypothèse. J’ai aussi du mal à croire à la possibilité d’une économie avancée, intégrée dans l’économie mondiale et dirigée par une autocratie communiste (quoique le simple fait d’y penser suggère peut-être que j’en nourris l’espoir). La troisième n’est guère plus plausible : comment croire que la Chine va laisser quoi que ce soit l’empêcher d’accroître sa prospérité ? La dernière possibilité est la plus facile à envisager.
Je ne prévois dans l’avenir proche ni crise politique ni brutal ralentissement économique. L’économie chinoise devrait poursuivre une croissance rapide pendant des années. Mais je ne parierais pas sur la combinaison durable d’une économie de marché et d’une autocratie bureaucratique. L’irrésistible force du marché va affronter l’immobilisme du parti. Il faudra bien qu’un jour ou l’autre l’un des deux l’emporte.

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