Avantages acquis

Publié le 17 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

La photo ci-dessous, publiée le 16 juillet, nous montre les chefs des pays du G8, plus le président en exercice de l’Union européenne et celui de sa Commission, posant à Saint-Pétersbourg pour immortaliser leur sommet annuel.
Elle révèle deux anomalies ou distorsions. L’une plus visible et frappante que l’autre, mais toutes deux incompatibles avec l’évolution du monde.

La première, très visible, est bien évidemment que la photo des dirigeants des pays supposés les plus évolués de la planète nous montre neuf hommes et, perdue parmi eux, une seule femme !
Est-il utile d’épiloguer ? Je ne le crois pas. J’en viens à la seconde anomalie, que personne n’a signalée ni, a fortiori, dénoncée.
Regardez bien : qu’y a-t-il d’anormal dans la composition de cette photo ? Vous ne trouvez pas ? Eh bien, c’est encore plus grave, parce que cela prouve que nous nous sommes habitués à la distorsion qu’elle révèle.

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Sur les dix personnes qui se présentent à nous comme les maîtres du monde, neuf sont européens ou d’extraction européenne. La situation et l’équilibre – pour ainsi dire figé – qu’elle reflète appartiennent aux XIXe et XXe siècles.
Ils ne sont pas représentatifs de l’état du monde en 2006 et seront encore moins représentatifs dans les années qui viennent. C’est ce qu’il faut s’employer à corriger.

L’Europe et ses avatars que sont les États-Unis et le Canada sont de manière frappante sur-représentés, non seulement au G8 (d’où la création, en 1999, d’un succédané : le G20), mais aussi au Conseil de sécurité de l’ONU, où quatre de ses cinq membres permanents (dotés du droit de veto) sont européens ou d’extraction européenne.
Au Fonds monétaire international (FMI) et à la Banque mondiale, qui tiennent leurs assemblées annuelles les 19 et 20 septembre à Singapour, c’est tout aussi criant : les droits de vote, c’est-à-dire le pouvoir, sont ceux-là mêmes qui ont été fixés il y a plus de soixante ans.
Bien que la Chine et l’Inde aient multiplié leur poids économique par trois en vingt-cinq ans, l’Italie a aujourd’hui encore plus de pouvoir au FMI que la première et la Belgique plus que la seconde*.
Dans la plupart des agences de l’ONU et même dans le sport, dès qu’il s’agit d’organisation et de pouvoir, vous retrouvez mêmes droits acquis et même déséquilibre.

Combien de décennies faudra-t-il pour que ceux qui ont perdu leur place la retrouvent ?
Il s’agit en effet de reconquête d’un statut, car, en 1800, la Chine et l’Inde totalisaient la moitié de la production mondiale. Mais les deux pays, pour des raisons différentes, sont sortis de la caravane du progrès, se sont mis sur le bas-côté de la route et se sont laissé distancer par l’Europe, l’Amérique du Nord (et, plus tard, le Japon).
À la fin du dernier siècle, ils sont enfin sortis de leur léthargie.
Le Brésil et l’Afrique du Sud ont fait de même et réclament eux aussi une place autour de la table.
À quand l’aggiornamento politico-économique ? À quand la parité ?

*La Chine : 15 % de la production mondiale et 2,9 % des droits de vote au FMI ; la Belgique : moins de 1 % de la production mondiale et 2,1 % de droits de vote.

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