Nouveau martyre

Publié le 17 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Encore une fois, le Kivu compte ses morts. Trente-neuf personnes ont été brûlées vives dans la nuit du 9 au 10 juillet à Ntulumamba, un village du Sud-Kivu situé à environ 70 km au nord-ouest de Bukavu. Les victimes, pour la plupart des femmes et des enfants, ont été enfermées dans leurs huttes. Celles-ci ont ensuite été incendiées par des assaillants non identifiés.

Le bilan, établi par des Casques bleus pakistanais de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc) envoyés sur place le 11 juillet, a été dressé à partir des témoignages de rescapés, qui ont attribué ces actes de barbarie à des miliciens locaux, et plus précisément à des rebelles hutus rwandais, membres des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Par cette opération de terreur, les assaillants auraient en fait cherché à dissuader la population de collaborer avec les autorités congolaises, qui mènent, depuis le 4 juillet, dans le Sud-Kivu une vaste opération de sécurisation à laquelle participent 1 500 hommes. Les rebelles FDLR, présents depuis 1994 dans cette province, nient pour leur part toute implication dans la tuerie.
Pourtant, après plus de dix années de combats fratricides contre l’Armée patriotique rwandaise, les FDLR avaient, pensait-on, décidé de déposer les armes. Dans une déclaration signée par leur président, Ignace Murwanashyaka, et publiée le 30 mars à Rome, le mouvement s’était engagé à cesser la lutte contre Kigali pour défendre sa cause sur le terrain politique. Négociée à Rome sous l’arbitrage de la communauté catholique de Sant’Egidio, cette reddition reste incertaine. Car rien n’indique que l’ensemble des troupes rebelles suivront leurs chefs, qui ont décidé de quitter le maquis. Ni que ceux qui ont commis des crimes au cours du génocide de 1994 envisagent de rentrer au pays.
Quelque 10 000 rebelles hutus se trouveraient encore dans l’est de la RDC. Mais, après la tuerie de Ntulumamba, la Monuc a indiqué qu’il était pour le moment impossible de désigner avec certitude les responsables de ce massacre, compte tenu des divisions et revirements qui caractérisent les milices locales. Ainsi, le 11 juillet, dans le Nord-Kivu, plus d’un millier de miliciens Maï-Maï, alliés à des FDLR, auraient attaqué trois villages du territoire de Rutshuru. Seule certitude, les provinces de l’Est sont de nouveau victimes d’une poussée de violence, ce qui fragilise d’autant le processus de transition en cours en RDC. Selon l’ONU, des rebelles hutus et autres miliciens locaux ont violé, enlevé ou tué quelque 900 personnes dans les deux Kivus entre juin 2004 et mai 2005. Un bilan qui semble encore loin d’être définitif.

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