Les archives de la villa Joly

Publié le 17 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Les services secrets du colonel Boumedienne sont surmenés. Ce n’est pas la surveillance des « suspects » qui les retient ainsi. C’est le dépouillement des dossiers privés de Ben Bella qui s’accumulaient dans les bureaux de la villa Joly et auxquels, jusqu’au 19 juin dernier, seul l’ancien chef de l’État algérien avait accès. Il y a là un matériel considérable et fort délicat à manipuler, les messages anodins voisinant avec certaines pièces « explosives ». Ben Bella entretenait, on le sait, une diplomatie personnelle très active et l’on en trouve, villa Joly, les traces les plus variées : correspondance confidentielle avec plusieurs chefs d’État, documents de « haute politique », engagements à l’égard de gouvernements « amis », rapports émanant des agents secrets du Bureau qui avait été créé à la villa Joly sous la direction de M. Fattal et dont certains impliquaient directement des ministres, des ambassadeurs, des officiers supérieurs de l’armée.
Cette moisson abondante sera-t-elle livrée à la publicité ? Cela semble improbable, au moins pour le moment. Les dirigeants d’Alger entendent bien faire leur profit des révélations qu’ils puisent dans les archives de Ben Bella, mais ils se gardent d’en communiquer le contenu. Toutefois, à la faveur des indiscrétions qui se produisent toujours en pareil cas, on assure, dans les cercles officieux d’Alger, que les enquêteurs auraient reconstitué le « plan stratégique » que Ben Bella comptait mettre en oeuvre, avec le concours de la RAU, pour avoir raison d’une résistance éventuelle de l’ANP au moment où il déciderait de se débarrasser de Bouteflika. Voici, en bref, les éléments de ce plan :
1) Une flottille de bâtiments de guerre égyptiens était attendue dans le port d’Alger, « en visite officielle », le 27 juin, soit deux jours avant le début de la Conférence afro-asiatique. Ces navires, accompagnés de sous-marins, auraient transporté à leur bord 5 000 soldats ;
2) L’escadrille de Mig égyptiens stationnée à Boufarik et qui, depuis la crise des frontières avec le Maroc, assurait à l’Algérie une « couverture aérienne », devait être renforcée sur une demande spéciale de Ben Bella ;
3) Ben Bella aurait adressé à Pékin un message « urgent » pressant le gouvernement chinois de faciliter le retour immédiat à Alger de tous les officiers algériens de blindés sous entraînement en Chine populaire. Pékin aurait répondu que le stage d’entraînement n’était pas terminé et qu’il déconseillait vivement le rapatriement des officiers.

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