Chirac, ou la méthode Coué

Publié le 17 juillet 2005 Lecture : 2 minutes.

Il y eut des 14 juillet où le verbe présidentiel était roi. Souvent, que le chef de l’État s’exprime à cette date, jour de la Fête nationale française, et la donne politique en était changée. Il n’en a pas été de même cette année tant Jacques Chirac, avare en annonces de propositions nouvelles, est apparu peu à même de dominer un climat politique morose. C’est que 60 % des Français ne lui font plus confiance. C’est aussi que plusieurs événements récents l’ont encore affaibli. Le non des Français au référendum du 29 mai, le triomphe des positions de Tony Blair lors du dernier sommet européen, le choix de Londres pour les jeux Olympiques de 2012 sont autant de faits qui n’ont pas favorisé la position du président et ont entamé sa stature.

Celui-ci a beau répéter que le résultat du référendum ne l’a en rien « humilié », que tout choix sportif est fondé sur une réalité – « Que le meilleur gagne » – et donc qu’il n’y avait rien à regretter, ou que le modèle britannique n’est pas un système que la France doit « envier ou copier », ces dénégations étaient avant tout des plaidoyers sans démonstration : elles n’allaient pas au fond des choses et ne constituaient guère une réponse aux avatars subis par l’Élysée.
En fait, sur nombre de sujets, Chirac répondait sans apporter beaucoup de précisions. Sur le chômage, il convenait que l’affaire était une « plaie » et qu’il fallait « vraiment changer » puisque la France s’est installée depuis vingt ans dans un système qui accepte, de fait, ce mal. Mais il n’ouvrait pas de perspective nouvelle et n’évoquait pas davantage la question des salaires. Ainsi, il souhaitait toujours une baisse des impôts, mais il fallait s’adapter à une faible croissance et donc différer cette baisse. Ainsi encore, concernant l’impôt de solidarité sur la fortune, il était opposé à sa suppression mais ouvert à sa réforme. Bref, en bien des points, le président attentiste se révélait plus apte à diagnostiquer qu’à choisir nettement, sauf sur deux points, la défense de la politique agricole commune à l’Europe et la nécessité de développer la recherche. Du reste, il ne tranchait guère ; au finale, il exigeait peu, il n’était pas enclin, ce 14 juillet, au commandement, il se laissait plus guider par les événements qu’il ne les dominait. La forme était bonne, et Chirac, la parole claire, le geste assuré, était à l’aise. Mais, à l’évidence, il avait peu de choses à dire et l’admonestation n’était pas à l’ordre du jour. Au point que Nicolas Sarkozy, qui avait subi l’an dernier, à la même époque, un martial « je décide, il exécute », n’eut droit, cette année, qu’à un patelin et embarrassé : « Il faut toujours lancer les débats. »
Il faudra donc attendre la rentrée pour en savoir plus sur la politique du gouvernement, notamment sur le plan social. Beaucoup, bien sûr, tient à la situation de l’emploi et au maintien d’un système social français, « ni inefficace ni périmé », selon Chirac. Sans doute, comme l’a dit encore le chef de l’État, tout en France n’est pas « mauvais », et ce pays dispose toujours de nombreux atouts. Reste à en convaincre les Français à qui, à l’évidence, il manque, en cette période de vacances, la confiance et le moral.

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