Le « pouvoir juif », une arme à double tranchant

Publié le 17 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Selon une enquête de la Ligue antidiffamation (ADL) menée dans cinq pays européens, la croyance selon laquelle les diasporas juives sont plus loyales à l’égard d’Israël que des pays où elles vivent est le plus répandu des préjugés contre les juifs (51 % des personnes interrogées). Second stéréotype, la conviction que les juifs ont une influence excessive sur les marchés financiers internationaux. Commentant les résultats de l’enquête, Abraham Foxman, directeur national de l’ADL, estime que de telles idées procèdent de l’antisémitisme ordinaire. Et bien qu’il ait probablement raison, il est impossible d’ignorer la réaction des juifs comme des Israéliens face à ces stéréotypes.

Accuser les diasporas juives de duplicité est un phénomène relativement récent. Mais pour Foxman, c’est la résurgence d’une vieille attitude antisémite selon laquelle les juifs ne sont pas loyaux à l’égard de leur patrie et de leurs dirigeants. Il cite l’exemple célèbre de l’utilisation par Joseph Staline du mot « cosmopolite » comme nom de code pour désigner les juifs, sous-entendant par là leur manque de loyauté envers l’Union soviétique.
Bien entendu, il n’y a qu’un pas entre la formulation traditionnelle et celle d’aujourd’hui, puisque l’État d’Israël se présente comme le pays de tous les juifs du monde et accorde automatiquement la nationalité israélienne à quiconque ayant au moins un grand-parent juif. Parfois, des hommes politiques israéliens ont défrayé la chronique en insistant sur cette notion incendiaire. Ainsi, l’ancien Premier ministre Ariel Sharon qui, en 2004, a demandé aux juifs de France de rentrer « chez eux », en Israël, à cause de la montée de l’antisémitisme dans leur pays. Ce fut encore pire avec l’ex-ministre israélien des Affaires étrangères Silvan Shalom, qui, lors d’une visite à Istanbul en 2003, peu après des attentats à la bombe contre deux synagogues, déclara qu’Israël protégerait tous les juifs partout. Prié de donner son avis sur de telles prises de position, Foxman a répondu, usant d’une litote, que certaines remarques des hommes politiques israéliens, ces dernières années, ont été indélicates.

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Quoi qu’il en soit, 68 % des Espagnols interrogés, 54 % des Polonais, 42 % des Italiens, 28 % des Français et 25 % des Allemands croient qu’il est « probablement vrai » que les juifs ont trop de pouvoir sur les marchés financiers internationaux.

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