La « loi d’Olmert »

Publié le 17 juin 2007 Lecture : 2 minutes.

Vous savez que je ne me mêle jamais de politique, pour la simple raison que Jeune Afrique possède assez de chroniqueurs talentueux dans ce domaine et aussi parce que je n’ai pas de compétence particulière pour ce qui est des « délices et des poisons », comme on dit, de la chose. Mais, aujourd’hui, je vais faire une exception parce qu’il y a eu une déclaration récente, faite par un homme politique, qui mérite, à mon humble avis, qu’on s’y arrête.
Vous allez croire qu’il s’agit encore de George Bush ou d’un benêt du même acabit.
Pas du tout, pas du tout, il s’agit de M. Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien, qui est loin d’être un benêt. Mais la déclaration qu’il a faite vaut son pesant de pistaches. La voici :
– Je ne démissionnerai pas, parce que je veux réparer les erreurs que j’ai commises.
Hein ? C’est quand même intéressant, quand on y réfléchit, non ? Pressé de démissionner par ses adversaires politiques et même par certains de ses alliés, à cause du rapport officiel sur la guerre qu’il a menée l’an dernier au Liban, M. Olmert répond :
– Je ne démissionnerai pas, parce que je veux réparer les erreurs que j’ai commises.
Voilà un raisonnement que je vous recommande, chers amis lecteurs, pour vous tirer de certaines situations délicates de la vie courante. Supposez par exemple que vous soyez directeur d’une grande entreprise que vous avez menée à la faillite par votre incompétence et vos lubies. Les actionnaires qui ont vu fondre la valeur de leur bien réclament à cor et à cri votre départ.
– Mais non, répondez-vous avec aplomb, au contraire je dois rester pour redresser cette boîte en pleine déconfiture. C’est moi qui l’ai ruinée, c’est donc moi qui la connais le mieux.
Vous êtes l’entraîneur d’une équipe de foot qui a accumulé zéro victoire, cent matchs nuls et mille défaites :
– Je reste pour réparer mes erreurs ! Dorénavant, je n’alignerai plus quatre gardiens de but en pointe de mon attaque.
Vous êtes astrologue et, depuis vingt ans, aucune de vos prévisions ne s’est jamais réalisée. Au directeur du journal qui veut vous sacquer, vous affirmez, hautain(e) :
– Je ne bouge pas, l’ami, vous devez me donner la chance de faire, au moins une fois dans ma vie, une prévision qui se réalisera.
Marrant… Emporté par mon indignation, j’ai voulu donner des exemples de plus en plus absurdes de ce qu’on pourrait désormais nommer « la loi d’Olmert », et voilà que l’absurde est devenu normal, que la fiction est devenue réalité. En effet, les astrologues, les futurologues, les gourous de tout poil ne cessent de se mettre le doigt dans l’il et pourtant ils restent en place, en vertu de la loi d’Olmert, parce qu’ils remplacent immédiatement leurs prévisions farfelues et leurs analyses submersibles par de nouvelles cogitations. « Un expert, disait Cocteau, c’est quelqu’un qui est capable de vous expliquer pourquoi il s’est trompé. »
La conclusion de cette chronique, c’est que la déclaration d’Olmert ne semble absurde que parce qu’elle vient d’un homme politique. Il n’y a qu’eux qui n’ont pas le droit de se prévaloir de leurs erreurs. Dur, dur, la politique

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