Un monstre sacré ?

Vos témoignages et commentaires après la disparition du souverain pontife.

Publié le 17 avril 2005 Lecture : 4 minutes.

Un homme remarquable
Pendant vingt-six ans, Jean-Paul II a dirigé le Vatican. Cet homme intelligent et courtois était l’ami du monde entier. Des chrétiens aux musulmans, en passant par les juifs, il les écoutait et les respectait tous. Il s’est opposé aux désordres, voulait qu’on respecte les droits de l’homme. Il a toujours défendu la cause de l’Afrique, comme s’il était lui-même africain. C’était un homme de coeur, de foi et plein de sagesse. Il a visité le monde entier, sans distinction de race ni de religion. Il laisse derrière lui des milliers de fidèles inconsolables. Que la terre de Rome lui soit légère. Mô Yô Sôh (Ainsi soit-il).

Hommage à la vertu
Le décès du pape Jean-Paul II m’amène à dresser un parallèle entre les funérailles de ce souverain d’un État sans divisions, d’une superficie de 0,44 km2, sur lequel se sont retrouvées quelque deux cents personnalités politiques de toutes races et de toutes religions, et celles du général togolais Gnassingbé Eyadéma, où l’on n’a vu que cinq chefs d’État de la sous-région.
La succession du premier se fera en douceur, en quelques jours, dans le silence recueilli de la chapelle Sixtine. Pour le second, le brouhaha du tissu social togolais qui se déchire s’accompagne du triste souvenir du droit bafoué.
On ne peut que remarquer la différence entre le destin d’un homme qui n’avait pour lui que la force de sa foi et son courage, et celui d’un autre homme qui se sera accroché trente-huit ans à son siège. Le monde entier, y compris les non-catholiques comme moi, a rendu hommage à la vertu lors de l’enterrement du pape, en vibrant aux bravos qui montaient de la place Saint-Pierre.

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« J’étais au côté du Saint-Père »
J’ai rencontré le pape Jean-Paul II le 11 mai 1980, lors de son voyage en Côte d’Ivoire. Il est revenu deux fois dans ce pays, en 1985 et en 1990 pour la consécration de la basilique Notre-Dame-de-la-Paix à Yamoussoukro. Mais, en ce 11 mai 1980, il a célébré une messe en l’honneur de la jeunesse ivoirienne dont je me souviendrai toujours. J’ai eu l’immense bonheur d’être choisi comme enfant de choeur pour la servir. Un mois auparavant, j’ai été informé par le vicaire général du diocèse de Bouaké et par le curé de l’église Saint-Augustin de Yamoussoukro, que j’avais été retenu parmi une douzaine de camarades. Quelle joie pour un élève du Lycée scientifique de Yamoussoukro pauvre et orphelin ! Après les préparatifs protocolaires, les suivis psychologiques et spirituels, le jour bénit est enfin arrivé. Malheureusement, le pape avait un retard de plus de trois heures. Depuis deux jours, près de 100 000 jeunes venus de tout le pays l’attendaient. La messe a démarré vers 13 heures et s’est étirée jusqu’à 18 heures. Gagnés par la fatigue, la soif, la faim et l’épuisement d’une longue attente, beaucoup de jeunes sont partis avant la fin. C’était pourtant une cérémonie extraordinaire, rythmée par les balafons, les tam-tams, les grelots, des guitares et des pianos traditionnels. Les participants applaudissaient, chantaient en choeur les louanges. Nous avons participé aux prières d’intercession en faveur de la Côte d’Ivoire et écouté avec attention l’homélie, si prophétique, sur le rôle de la jeunesse ivoirienne appelée à préserver les acquis du passé, bâtir le présent et assurer un avenir de paix au pays. J’étais près du Saint-Père, je tenais son micro et gardais ses attributs papaux, chapeau et canne, et les lui ai remis lorsqu’il en a eu besoin. J’ai maintenant 43 ans. Je n’oublierai jamais ce jour.

Exemple oecuménique
La mort du souverain pontife doit, en ces temps difficiles, nous servir d’exemple et nous interpeller. Karol Wojtyla a su donner beaucoup d’amour à tous. Il appartenait à toutes les religions, à toutes les générations, à tous les pays et à toutes les races.
Soyons donc tous des papes ! Pas forcément en portant une soutane, ni en étudiant le droit canon, mais en distribuant notre générosité et notre amour. Comme Jean-Paul II l’a fait toute sa vie.

Merci aux médias
En ce moment douloureux que vit le monde en général, et l’Église catholique en particulier, je voudrais remercier les médias et notamment J.A.I. pour avoir consacré de nombreuses pages au parcours de celui que la mort nous a arraché, afin de le faire connaître davantage (voir J.A.I. n° 2309). Merci, aussi, à tous les non-chrétiens, aux pays où l’Église catholique est minoritaire tels l’Inde, l’Égypte, le Maroc, Cuba, l’Indonésie, pour la sympathie, combien touchante, qu’ils ont exprimée en mémoire de notre regretté pape. C’est une invitation faite à son successeur d’être attentif aux signes du temps. Que Jean-Paul II repose en paix.

Sa voix n’a jamais faibli
Quand meurt un pape, un autre le remplace, mais l’humanité est en deuil et pleure son allié fidèle, celui qui voulait sauvegarder les valeurs spirituelles et promouvoir le respect des droits de l’homme. Sa voix n’a jamais faibli lorsqu’il s’agissait de faire taire les armes. Dans ce monde qui change, elle résonne pour toujours à nos oreilles.

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