Une ville à part en Suisse

Publié le 17 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

« Genève a décidé d’accueillir le Fonds mondial pour la solidarité numérique, de lui offrir un siège et de prodiguer une aide financière généreuse. De telles initiatives s’inscrivent bien dans l’esprit universaliste de cette belle cité. » Ces propos ont été tenus le 14 mars dernier à Genève par le président algérien Abdelaziz Bouteflika au cours de la cérémonie de lancement de ce fonds, dont l’idée avait été avancée par son homologue sénégalais Abdoulaye Wade lors de la première phase du Sommet mondial sur la société de l’information qui s’était tenu en décembre 2003, également à Genève.
La vocation internationale et humanitaire de la ville suisse remonte en 1863, date à laquelle Henri Dunant et quelques Genevois créent le Comité international de la Croix-Rouge, le fameux CICR dont les 4×4 immatriculés GE pour « Genève » sillonnent les zones de conflit du monde entier. Depuis lors, Genève s’est imposée comme la capitale de l’humanitaire, des grandes négociations internationales, des droits de l’homme, abritant aujourd’hui quelque 190 organisations internationales, gouvernementales ou non. En se promenant dans un périmètre somme toute restreint, on découvre ainsi des sigles prestigieux accrochés au fronton de bâtiments aux architectures souvent audacieuses, parfois nichés dans des parcs somptueux : le Palais des Nations, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), le Bureau international du travail (BIT) mais aussi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ou l’Union internationale des télécommunications (UIT), pour n’en citer que quelques-uns.
Genève, qui tient beaucoup à son statut de capitale des droits de l’homme, abrite chaque année au printemps pendant six semaines les travaux de la Commission des droits de l’homme des Nations unies. Cette année, pour marquer l’ouverture de la 61e session de la Commission, les autorités de la ville ont accroché les portraits de Florence Aubenas, Hussein Hanoun et Ingrid Betancourt sur la façade de l’Hôtel municipal. « Pourquoi, encore une fois, notre ville se singularise-t-elle en étant la seule de Suisse à afficher ainsi ces figures emblématiques ? » a questionné le maire, Pierre Muller. « La réponse est simple, a-t-il poursuivi. Genève est le berceau du droit humanitaire, c’est la ville des Conventions internationales destinées à protéger les victimes de la guerre. Elle devait donc naturellement faire ce geste de solidarité. »
Genève, cité ouverte sur le monde, est certainement la ville suisse la plus connue à l’étranger, à tel point que beaucoup pensent qu’elle en est la capitale, au lieu de Berne. Son rayonnement est tel que l’on oublie parfois qu’il ne s’agit que d’une petite ville, très « province » vue de Paris et des autres grandes capitales… « Avec ses 450 000 habitants, Genève aime à se considérer comme la plus petite des grandes villes », ironise Guy Mettan, directeur du Club suisse de la presse et chroniqueur au quotidien Le Temps.
Reste que vue du reste de la Suisse, Genève, dont les citoyens votent généralement de manière nettement plus progressiste que leurs compatriotes de Berne, Sion ou Zurich, est souvent perçue comme une ville à part au sein de la petite Helvétie, laquelle n’est toujours pas membre de l’Union européenne. Serait-ce pour maintenir son secret bancaire, comme l’affirment ses détracteurs ? Le débat resurgit en tout cas régulièrement. Dans ce domaine, Genève cesse d’ailleurs d’être atypique, puisque, à l’instar de Zurich, elle se présente comme une place financière de premier plan, qui draine des fonds du monde entier, avec, comme corollaire, le risque de voir son image ternie par des scandales retentissants.

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