Paul Fokam et John Githongo honorés à Berlin

Publié le 17 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

« Paul Fokam et John Githongo représentent la nouvelle Afrique. » C’est par ces mots que le président allemand, Horst Köhler, a salué les deux lauréats du prix 2004 décerné par la Fondation allemande pour l’Afrique, lors d’une cérémonie à Berlin, le 12 avril. « Deux hommes pour deux parcours exemplaires », selon le président de la Fondation, Karl-Heinz Hornhues. « Ce prix est un encouragement à poursuivre avec la même détermination. » Et du courage, il en faut.
« Fils de paysan camerounais et enfant de l’université de Yaoundé », selon ses propres termes, Paul Kammogne Fokam, âgé aujourd’hui de 56 ans, n’a jamais oublié ses origines. Président de la quatrième banque camerounaise, Afriland First Bank, il s’est également lancé en 1991 dans la microfinance, faisant taire ceux qui prétendent que les banquiers ne s’intéressent pas aux plus démunis. À chaque fois, la démarche est la même. Les populations sensibilisées par l’ONG Appropriate Development for Africa Foundation (Adaf) créent leur microbanque, à laquelle Afriland First Bank apporte son appui financier. À ce jour, le montant total des crédits accordés à 300 000 bénéficiaires s’élève à 14 milliards de F CFA (21,5 millions d’euros), avec des taux d’intérêt inférieurs à ceux qui sont pratiqués par les banques commerciales. Les emprunts sont remboursés à hauteur de 95 %. Mieux encore, le réseau ne cesse de s’étendre. Après le Cameroun, c’est déjà le cas en Guinée équatoriale, et des projets sont en discussion avancée au Niger et en République démocratique du Congo. « Les gens viennent à nous », déclare le « banquier humaniste » qui se présente comme « un chercheur en développement et un homme soucieux du devenir de son pays et du continent »*. Paul K. Fokam a terminé son discours de remerciement par une phrase qui résonne comme un appel : « Nous voulons une Afrique digne. »
Quant au deuxième lauréat, le Kényan John Githongo, 39 ans, il n’a cessé de dénoncer « le fléau de la corruption qui ronge son pays ». D’abord journaliste, puis représentant de l’ONG Transparency International et enfin ministre du gouvernement Kibaki en charge de la Bonne Gouvernance, il croyait aux promesses de l’alternance. Après deux années de travail acharné et un constat d’échec, il a préféré démissionner en février dernier. Depuis Berlin, il a fustigé « les réseaux de la corruption qui prospèrent dans l’ombre. L’Afrique doit gagner cette guerre ».

* Auteur de plusieurs ouvrages, Paul K. Fokam vient de publier Misère galopante au Sud, complicité du Nord aux éditions Maisonneuve Larose, Paris, 160 pages, 15 euros.

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