Où en est la coalition en Irak ?

Quels pays maintiennent-ils des troupes à côté de celles des Américains, demande Romuald Azandegbe, de Porto-Novo (Bénin).

Publié le 17 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

Affaiblie, érodée, la coalition internationale conduite par les États-Unis en Irak semble fondre comme neige au soleil. En mars 2003, elle pouvait compter sur le soutien de quarante-neuf pays et la participation militaire de trente-huit d’entre eux. Aujourd’hui, les forces coalisées ne proviennent plus que de vingt-quatre États. Dans les premiers mois de 2003, les soldats dépêchés en Irak étaient 300 000, aujourd’hui ils ne sont que 173 000, dont 150 000 Américains.
Le retrait du contingent espagnol, en mars 2004, après les attentats de Madrid et l’arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste de José Luis Zapatero, a représenté la première grave défection. Un mois après, le Honduras et la République dominicaine ont également retiré leurs troupes, suivis par les Philippines, la Thaïlande, le Nicaragua et la Nouvelle-Zélande. L’année 2005 ne s’annonce guère meilleure. Le prochain départ des troupes néerlandaises, polonaises et ukrainiennes ainsi que le rapatriement déjà achevé des soldats hongrois et des policiers militaires portugais soulignent le scepticisme croissant des gouvernements européens, confrontés à un conflit qui s’enlise et à l’absence d’un calendrier de remplacement par l’armée irakienne.
« Mission accomplie, » a déclaré le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, le 15 mars dernier, en évoquant le retour de ses troupes à partir de septembre 2005. Une annonce surprise, y compris pour ses alliés, sur laquelle Berlusconi a été obligé de revenir après avoir été rappelé à l’ordre par le président américain George Bush. La possible défection du quatrième contingent, en ordre d’importance, jette une ombre supplémentaire sur l’avenir de la mission.
Les élections régionales italiennes de ce mois d’avril 2005 expliquent l’ambiguïté des déclarations du président du Conseil. « Notre opinion publique, majoritairement hostile à l’intervention depuis toujours, demande le retrait », a-t-il précisé. Même scénario au Royaume-Uni. Avec quatre-vingt-six morts enregistrés dans ses rangs, Tony Blair, confronté aux échéances législatives de mai prochain, craint la sanction des urnes.
La lassitude et le doute s’installent aussi aux États-Unis. Plus de 1 500 marines ont perdu la vie depuis le début des hostilités, et quelque 11 300 ont été blessés.
Mais le problème est surtout financier. Le gouvernement américain a déjà dépensé 210 milliards de dollars et le Congrès pourrait bloquer la demande d’une enveloppe supplémentaire de 400 millions de dollars. Or, une partie de cette somme a été promise aux pays ayant contribué à l’effort militaire en Irak. Cent millions de dollars sont destinés à la Pologne, bien que l’ancien ministre des Affaires étrangères, Wlodzimierz Cimoszewicz, ait reconnu que l’accès direct au pétrole irakien est « l’objectif final » de la participation de son pays.
Le ciment de la « coalition des volontaires » est donc bien l’intérêt économique, non une allégeance idéologique. Les pays d’Europe centrale et orientale espèrent obtenir le soutien des États-Unis pour leur éventuelle adhésion à l’Otan. Slovaques, Roumains, Polonais, Tchèques participeront à la reconstruction des infrastructures du pays. La Bank Millenium, polonaise, fait déjà partie d’un consortium de treize institutions financières responsables de la gestion de la nouvelle Banque du commerce d’Irak. Quant à la Bulgarie, en échange de ses 480 soldats, elle recevra le soutien américain pour récupérer les 1,7 milliard de dollars prêtés au régime de Saddam Hussein. C’est à la Maison Blanche, en 2004, que le président de la Mongolie a été personnellement remercié par son homologue, qui lui a promis un accord de libre-échange en contrepartie de l’intervention mongole. La liste est longue, mais ces avantages ne semblent plus suffire. Les défections, qui laissent à découvert le secteur centre-méridional sous commandement britannique, alourdissent les responsabilités des contingents majoritaires. Déjà très sollicités, leurs pays d’origine envisagent difficilement l’envoi de renforts.

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