Chou En-lai à Ben Bella : « nous attendons la guerre »
Publié le 17 avril 2005 Lecture : 1 minute.
Calme et pondéré, ne manifestant aucune émotion apparente, le chef du gouvernement chinois était venu à Alger pour discuter tout particulièrement de la crise vietnamienne au moment où, à Washington, Johnson et son ambassadeur à Saigon, le général Taylor, décidaient de franchir un nouvel échelon dans « l’escalade » de la guerre contre le Nord-Vietnam.
[…] « Ce qu’on cherche à créer au Vietnam, précisa Chou En-lai, c’est un nouveau Cuba, c’est-à-dire une situation qui finirait par aboutir à une négociation russo-américaine, laquelle fixerait le sort du Sud-Est asiatique, sans que les peuples directement intéressés soient consultés et sans tenir compte de leurs véritables intérêts, tout comme les intérêts du peuple cubain ont été sacrifiés par l’accord Khrouchtchev-Kennedy sur le retrait des fusées russes. »
[…] La visite de Chou En-lai à Alger n’a pas été fortuite ou sans préparation préalable. Elle a été provoquée par un message personnel que le secrétaire général de l’ONU, U Thant, avait communiqué au président Ben Bella.
[…] Depuis près de deux ans, et surtout durant 1964, U Thant a entrepris diverses démarches discrètes en vue de déblayer la voie menant au règlement du conflit vietnamien. […] Pourquoi ce recours à l’Algérie, choisie entre tous les pays afro-asiens et non alignés ? U Thant estima que la position privilégiée de l’Algérie la désignait pour assumer une telle responsabilité. Tout d’abord, l’Algérie est l’un des rares pays, sinon le seul, où sont représentés la Chine populaire, le Nord-Vietnam et le FNL vietcong. D’autre part, l’Algérie a le passé prestigieux d’un pays qui a lutté militairement pendant sept ans pour sa liberté et qui inspire le respect à tous les mouvements révolutionnaires dans le monde entier. De plus, c’est un pays dont la politique est strictement non alignée et notamment dans le conflit entre l’URSS et la Chine. Enfin, le soutien sans réserve qu’apporte le gouvernement de Ben Bella au FNL vietcong lui donne la possibilité d’être écouté à Hanoi comme à Pékin.
