Campagne à l’américaine

Publié le 17 avril 2005 Lecture : 3 minutes.

C’est une véritable campagne à l’américaine que mène Faure Gnassingbé depuis le 8 avril. Le fils du président défunt n’a pas lésiné sur les moyens pour prouver au peuple qu’il est jeune, moderne, et qu’il incarne le changement. Il se déplace de ville en ville à bord du Dauphin personnel de la famille Eyadéma, précédé de quelques minutes par un autre hélicoptère « de sécurité », tandis que son frère Kpatcha, président de la zone franche, qui a endossé le rôle de logisticien des meetings, est déjà arrivé avec une caravane de 4×4. Accueilli par une foule de jeunes parés du tee-shirt et autres accessoires (casquette, foulard blanc, drapeau…) à son effigie, il salue les notables de la région, avant de grimper sur le podium. Un road show, autrement dit un camion doté d’une scène de 15 mètres de long, sillonne le pays et attend le candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT) dans la ville la plus importante de la tournée du jour. Dans les deux ou trois autres villes, le meeting prend des allures de cérémonie traditionnelle avec sacrifice du mouton, libations et allégeance réitérée des autorités locales au fils du « père de la nation ». Le ministre de l’Éducation Komi Klassou, directeur officiel de sa campagne, le commandant Bakali, patron des douanes et l’une des éminences grises du candidat Faure, la ministre de la Santé Suzanne Aho Assouma, chargée des relations avec les femmes, sont de tous les meetings, ou presque.

Après avoir débuté sa campagne dans l’Extrême Nord, à Dapaong, le quadragénaire formé dans une université américaine est descendu dans la région des Plateaux d’où il est originaire, puis dans celle des Lacs, plus au sud. La ville de Kara, préfecture natale de son père, où il se rendra à bord d’un Boeing 727 privé qu’il loue à l’occasion de ses longs déplacements, devrait être sa dernière étape.
Dans chacun de ses discours, il appelle au pardon et à la réconciliation nationale. Pas d’effet de manche, pas de mot plus haut que l’autre, pas de déclarations audacieuses : Faure Gnassingbé se veut rassurant et consensuel en promettant le changement dans la continuité. Il n’omet jamais d’aborder les préoccupations propres à chacun de ses publics. Aux quelque cinq cents opérateurs économiques invités à l’hôtel du 2-Février le 14 avril, il parle ainsi de la reprise des négociations avec l’Union européenne et les bailleurs de fonds. Ce dîner de gala, organisé par une agence locale de communication pour un budget de 40 millions de F CFA et destiné à récolter des fonds, est l’un des symboles de l’énorme machine électorale mise en branle par le comité de soutien au candidat du RPT.
Face à ce rouleau compresseur, qui se manifeste aussi par un affichage massif dans les rues de Lomé de portraits géants de Faure vantant « un Togo plus radieux et plus juste », érigeant le candidat en « symbole de l’unité nationale » ou promettant « un nouveau départ », l’opposition peine à assurer sa visibilité. « Nous étions jusqu’à présent dans la phase revendicative de notre campagne pour demander le report du scrutin et dénoncer la distribution arbitraire des cartes d’électeurs », expliquait, le 13 avril, le candidat unique de la Coalition, Emmanuel Akitani Bob. Pour lui, la dernière semaine précédant le scrutin du 24 avril est décisive. Elle doit donner lieu à une « campagne coup de poing » à travers tout le pays. Première étape : un meeting d’ouverture à Lomé, le 16 avril, et le placardage, enfin, des affiches. « Ni revanche ni chasse aux sorcières », « la réconciliation entre l’armée et le peuple » sont quelques-uns des thèmes que compte développer Akitani Bob, « un sage pour le Togo », au cours des quelques jours qui lui restent pour convaincre le peuple. Deux méthodes pour deux candidats de génération différente.

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