Agriculture : le grand gâchis africain

50% des terres mondiales non cultivées se trouvent en Afrique. Dans une étude, la Banque mondiale estime que le secteur alimentaire pourrait tripler de taille en cas d’engagement ferme du public comme du privé.

Les Africains importent la moitié du riz (ici, au Sénégal) qu’ils consomment, pour 3,5 milliards de dollars. © AFP

Les Africains importent la moitié du riz (ici, au Sénégal) qu’ils consomment, pour 3,5 milliards de dollars. © AFP

Publié le 6 mars 2013 Lecture : 2 minutes.

Le continent africain dispose d’un énorme potentiel agroalimentaire qui pourrait lui permettre de tripler sa production, selon le rapport de la Banque mondiale « Growing Africa : unlocking the potential of agribusiness » (Croissance de l’Afrique : libérer le potentiel du secteur agroalimentaire), publié lundi 4 mars. « Le moment est venu de faire de l’agriculture et du secteur agro-alimentaire africains un catalyseur pour mettre fin à la pauvreté », estime Makhtar Diop, vice-président pour la région Afrique de la Banque mondiale, dans un communiqué de presse. Les agriculteurs et le secteur agroalimentaire africains pourraient générer un marché de 1 000 milliards de dollars à l’horizon 2030, s’ils réussissent à élargir leur accès à des fonds supplémentaires, à l’électricité, à une meilleure technologie et à des terres irriguées en vue d’y cultiver des aliments à haute valeur nutritionnelle.

Le moment est venu de faire de l’agriculture et du secteur agro-alimentaire africains un catalyseur pour mettre fin à la pauvreté
Makhtar Diop

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Cependant, pour atteindre cet objectif, ajoute la Banque mondiale, les gouvernements africains devront travailler plus étroitement avec les exploitations agricoles dans le but de nourrir la population urbaine en croissance sur le continent, ajoute le rapport. L’Afrique pourrait tripler ses systèmes alimentaires, estimés actuellement à 313 milliards de dollars, à condition que les gouvernements et les chefs d’entreprise procèdent à une refonte radicale de leurs politiques et de leur soutien au secteur, aux agriculteurs et aux exploitations agricoles, qui représentent ensemble près de 50 % de l’activité économique du continent, poursuit le rapport.

« Le moment est venu de faire de l’agriculture et du secteur agro-alimentaire africains un catalyseur pour mettre fin à la pauvreté » a déclaré Makhtar Diop. « Nous ne pouvons pas exagérer l’importance revêtue par l’agriculture dans la détermination de l’Afrique à maintenir et à stimuler ses taux élevés de croissance, à créer plus d’emplois, à réduire de façon significative la pauvreté et à cultiver suffisamment de denrées alimentaires nutritives à bas prix pour nourrir ses familles et exporter ses récoltes excédentaires, tout en préservant l’environnement du continent », a-t-il ajouté.

2% des ressources renouvelables en eau

Le continent a de sérieux atouts pour développer ses exportations alimentaires et agricoles. En effet, 50 % des terres mondiales non cultivées aptes aux cultures vivrières se trouvent en Afrique. On recense jusqu’à 450 millions d’hectares non boisés, ni protégés, ni surpeuplés, selon le rapport. Mieux, le continent utilise seulement moins de 2 % de ses ressources renouvelables en eau, alors que la moyenne mondiale s’élève à 5 %.

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Les pays africains peuvent exploiter les marchés en plein essor du riz, du maïs, du soja, de l’huile de palme, des biocarburants ainsi que des matières biologiques et s’imposer parmi les principaux exportateurs de ces marchandises sur les marchés mondiaux, à l’instar des réussites de l’Amérique latine et de l’Asie du Sud-Est. Concernant l’Afrique subsaharienne, les secteurs les plus dynamiques sont probablement le riz, les céréales fourragères, les volailles, les produits laitiers, les huiles végétales, l’horticulture et les aliments transformés pour approvisionner les marchés nationaux. 

Le rapport met par ailleurs en garde sur les acquisitions de terres qui, bien que nécessaires pour les investissements du secteur agro-alimentaire, peuvent constituer une menace pour les moyens de subsistance des personnes et engendrer une opposition locale, à moins que les acquisitions ou fermages ne soient effectués selon des normes responsables sur les plans éthique et social, reconnaissant notamment les droits des utilisateurs locaux, résultant de consultations approfondies avec les communautés locales et incluant un dédommagement équitable respectant le prix du marché pour les terres acquises. 

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