Belles paroles et pragmatisme

Publié le 17 avril 2005 Lecture : 2 minutes.

Luiz Inácio Lula da Silva est loin d’être un philanthrope, et son attachement pour l’Afrique n’est pas désintéressé. La tournée de cinq jours (10-14 avril) – quatrième voyage sur le continent depuis novembre 2003 – effectuée au pas de charge par le président brésilien dans cinq pays africains (Cameroun, Nigeria, Ghana, Guinée-Bissau et Sénégal) a permis de lever le voile sur ses ambitions politiques et économiques, qui se drapent derrière un discours altermondialiste sur la grande solidarité brésilo-africaine ou le combat contre les subventions agricoles des pays riches. Si l’ancien ouvrier et leader travailliste a réitéré ses « belles paroles » sur l’équité sociale et son souhait de voir les grandes puissances occidentales prendre en compte le point de vue des plus pauvres, il a surtout cherché l’appui de ses hôtes africains pour obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies. En échange, Lula défend l’idée que deux représentants du continent puissent intégrer cette instance en qualité de membres permanents. Le président sud-américain a également fait campagne pour Luis Felipe de Seixas Correia, candidat brésilien à la direction générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), poste à pourvoir en septembre 2005. Ce dernier jouit déjà d’un important crédit auprès des dirigeants du continent depuis qu’il a coordonné l’action intentée contre les subventions cotonnières américaines.

Mais la visite de Lula ne s’est pas bornée à de simples intérêts de politique internationale. Son premier voyage au Cameroun s’est traduit par la réouverture de l’ambassade du Brésil à Yaoundé et la signature d’importants accords diplomatiques et de coopération, dont la suppression des visas pour les titulaires de passeports diplomatiques camerounais et l’échange d’enseignants entre universités. Comme à chacun de ses déplacements africains, le chef de l’État s’est fait accompagner de plusieurs patrons d’entreprise. Et non des moindres. Les dirigeants de Petrobras, la compagnie pétrolière brésilienne, faisaient partie de la délégation présidentielle, ce qui explique en grande partie l’étape nigériane, où le groupe souhaite renforcer sa présence. Les échanges entre le Brésil et l’Afrique ont atteint 6,5 milliards de dollars en 2004, dont près de la moitié sont réalisés avec le Nigeria. Les exportations brésiliennes de soja, de poulets congelés, de produits chimiques et de médicaments génériques sont en augmentation ces dernières années.

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Au cours de son périple, le président brésilien a également signé plusieurs accords de coopération agricole et commerciaux, notamment sur le cacao et les médicaments génériques. Au Ghana, Lula et le président John Kufuor se sont entendus pour ouvrir prochainement une liaison directe entre les deux pays. Le chef de l’État a achevé son voyage au Sénégal, où il a promis l’aide de son pays dans les domaines de la santé, des télécommunications, du commerce et de l’audiovisuel… et n’a pas manqué d’accomplir des actes symboliques. Il a déposé une gerbe au pied du Mémorial du tirailleur sénégalais avant de visiter l’île de Gorée, lieu de commémoration de la traite négrière. Et de rappeler que l’esclavage a existé des deux côtés de l’Atlantique.

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