Scandaleuse de l’islam

Publié le 17 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Qui est donc cette femme que, le 10 février, la France a accueillie comme un chef d’État et que les plateaux de télévision se sont arrachée ? Une grande figure de la paix ? Le Soljenitsyne de l’Afrique ? Je n’ai vu qu’un parcours un peu chaotique et un CV arrangé pour gagner une place au paradis. Sauf à prendre les Néerlandais pour des idiots, je ne pense pas que Ayaan Hirshi Ali soit blanche comme neige. Ni que les Américains aient renoncé sans raison à lui offrir un passeport. Elle est menacée de mort par les islamistes ? Oui, c’est terrible, et ce n’est pas moi qui défendrai ces criminels. Mais j’ai le droit de m’interroger : et si la ferveur qu’elle suscite venait du seul fait qu’elle s’applique à faire scandale sur le dos l’islam ?

On m’objectera qu’elle est libre de critiquer l’islam. Sans doute, mais alors, qu’on ne nous l’impose pas comme « le symbole des femmes musulmanes » ! Que la France veuille perpétuer une longue tradition d’accueil des intellectuels dissidents est tout à son honneur. Mais que ce pays devienne le harem des scandaleuses de l’islam est une autre histoire. Suffirait-il de cracher sur le Coran pour se voir consacrée martyre et décrocher une carte de séjour ?
Ayaan n’est ni l’Égyptien Abou Zeid ni Salman Rushdie, qui ont derrière eux une uvre. Tous les jours, en France, des opposants politiques sont déboutés du droit d’asile alors qu’ils courent des risques non moins graves. Et comment ignorer ces femmes qui, en terre d’islam, défendent au péril de leur vie les principes de liberté et de démocratie, qui continuent, malgré les fatwas, à transgresser les tabous ? Quelle voix a soutenu la romancière algérienne Ahlam Mosteghanemi qui vient de se voir privée du prix Albert-Camus après un discours au vitriol sur l’Algérie ? Qui a fait écho aux propos de l’Irakienne Wafa Soltane, qui, sur Al-Jazira, a soutenu que les musulmans sont « les vrais responsables du choc des cultures » et défendu les Juifs qui, malgré les horreurs de l’Holocauste, n’ont jamais fait sauter une église ? Qui a soutenu la Tunisienne Salwa Charif, menacée de mort pour avoir osé décortiquer le discours islamiste ? Ce sont ces femmes-là qui feront bouger le monde musulman de l’intérieur et non les protégées de Rama Yade.
À la secrétaire d’État aux Droits de l’homme, défenseur autoproclamé des musulmanes, je dis : « Merci, Rama, mais, de grâce, affûtez vos arguments, lisez, bon Dieu, cultivez-vous, votre discours n’en sera que plus crédible. Vous voulez défendre de nobles causes ? Alors, pensez aussi aux milliers de femmes tuées en Irak ; à cette prison à ciel ouvert qu’est devenue la Palestine ; aux mineurs détenus à Guantánamo. Défendez la liberté de pensée avec les valeurs de la France de 1789. Pas celles de 2008.

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