Retour en grâce de la Syrie

« Capitale culturelle arabe » en 2008, Damas abritera aussi, en mars prochain, un sommet de la Ligue des États arabes qui pourrait faire date.

Publié le 17 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Après Alger en 2007, c’est au tour de Damas d’être la « capitale culturelle arabe » en 2008. Au nombre des festivités, outre un festival international du film et un autre dédié au théâtre arabe, pas moins de huit concerts de la diva libanaise Fairouz, 73 ans, qui effectue ainsi son retour dans la capitale syrienne après plus de vingt ans d’absence. Des milliers de fans en délire se sont bousculés pour assister à l’un de ses spectacles. Damas accueillera également l’écrivain franco-tchèque Milan Kundera, le linguiste américain Noam Chomsky et l’écrivaine chilienne Isabel Allende. Avec ses palais ottomans, ses hammams, sa citadelle de Salaheddine, ses portes, les minarets de la mosquée des Omeyyades, Damas ambitionne de retrouver, le temps de cette manifestation, son lustre d’antan et son statut de carrefour culturel arabe. Mais la Syrie n’est pas un pays comme les autres. La venue de Fairouz n’a pas manqué de déclencher une polémique au Liban et ailleurs. Le choix de la Ligue arabe de faire de Damas la capitale culturelle arabe 2008, alors que de nombreux intellectuels croupissent dans les geôles du parti Baas pour délit d’opinion, est jugé illégitime. Pourtant, les capitales arabes pouvant se prévaloir de garantir à leur élite une totale liberté d’expression ne sont pas légion. Alors pourquoi pas Damas ? Surtout que ses habitants sont certainement plus heureux que ceux de Bagdad ou de Beyrouth, et pas plus mal lotis que ceux du Caire.
Isolé au plan diplomatique en raison de sa proximité avec Téhéran et de son soutien au Hezbollah libanais, au Hamas palestinien et aux nationalistes arabes purs et durs, Damas vit cette manifestation culturelle comme une véritable bénédiction. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la capitale syrienne accueillera, les 29 et 30 mars, le sommet de la Ligue arabe. Vingt chefs d’État et de gouvernement sont attendus. C’est le premier sommet qu’organise Bachar al-Assad depuis son arrivée aux affaires, en juillet 2000. Décidé à en faire un succès, il a dépêché ses émissaires au Maghreb et au Machrek pour s’assurer de la présence de tous. Il faut dire que l’ordre du jour est particulièrement copieux : un État palestinien virtuel mais coupé en deux, un Liban sans président de la République et dont le Parlement est paralysé et le gouvernement ankylosé, un Irak au bord de l’implosion et le sempiternel processus de paix avec Israël. Avec un tel ordre du jour, qui n’aurait pas déplu à feu Hafez al-Assad, et des enjeux aussi colossaux, le sommet de Damas pourrait faire date.

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