Au Burkina Faso, pluie, coton et génétique font bon ménage

La précédente campagne cotonnière avait été désastreuse. Celle qui s’achève s’avère excellente. Question de bonne pluviométrie, de climat social apaisé… et d’OGM.

La filière représente 4 millions d’emplois directs. © Issouf Sanogo/AFP

La filière représente 4 millions d’emplois directs. © Issouf Sanogo/AFP

Publié le 15 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

Comme chaque année, la campagne cotonnière s’achève. Les transporteurs emmènent les derniers monticules d’or blanc des villages vers les usines d’égrenage. Les pluies ont été abondantes, et les paysans se frottent les mains. Il faut dire que, l’an dernier, après la crise sociale, la destruction de champs et la fronde menée par certains producteurs contre les prix des engrais (qu’ils estimaient trop élevés) et ceux du coton (trop bas), la production avait chuté à environ 400 000 tonnes de coton-graine. « Pour cette campagne 2012-2013, on attend une récolte de 630 000 t, soit une hausse de plus de 57,5 % par rapport à la précédente », se réjouit Karim Traoré, le président de l’Union nationale des producteurs de coton du Burkina (UNPCB). La Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) devrait produire à elle seule quelque 530 000 t, le reste étant réalisé par deux compagnies privées, Socoma et Faso Coton. Au cours de cette campagne, 154 milliards de F CFA (près de 234,8 millions d’euros) seront distribués aux cotonculteurs, selon la Sofitex. Le pays reste ainsi, et de loin, le premier producteur de coton du continent. La filière représente le plus gros pourvoyeur d’emplois du pays, 4 millions de Burkinabè en vivant directement, sans compter les activités connexes : égrenage, huilerie, transport, services logistiques et bancaires, etc.

C’est le premier pays ouest-africain à autoriser les semences transgéniques en champs.

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Toxines

Le Burkina récolte les fruits de son pari technologique. Après plusieurs années d’expérimentation, il a été le premier dans la sous-région à autoriser, en 2008, l’emploi de semences transgéniques – ou organismes génétiquement modifiés (OGM) – en champs. Il s’agit d’un partenariat entre la firme américaine Monsanto – qui a introduit le gène Bt dans les variétés burkinabè -, l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (Inera) et la Sofitex. Leurs travaux de recherche et développement ont abouti à la création d’une variété résistant à l’attaque des insectes ravageurs et suceurs de la plante. « Aujourd’hui, nous cultivons 55 % de coton OGM, contre 45 % de coton conventionnel, explique Jean-Paul Sawadogo, directeur général de la Sofitex. Le coton OGM burkinabè permet de fabriquer des toxines à même d’éloigner les insectes. » Un choix qui suscite toujours des polémiques, notamment de la part des lobbys anti-OGM, qui remettent régulièrement en question les résultats obtenus. Les griefs sont multiples : coût élevé de la semence pour une productivité égale à celle du coton classique, baisse de la qualité de la fibre, danger pour l’environnement… Et le tout serait fait à l’insu des cotonculteurs.

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Des arguments battus en brèche par l’UNPCB et la Sofitex, qui soulignent l’engouement des producteurs pour le coton transgénique. Ce qui ne signifie pas pour autant que sa vulgarisation se fasse sans difficulté. Pour nourrir cette variété, il est en effet nécessaire de respecter les doses de fertilisants, ce que ne font pas tous les producteurs, qui ont l’habitude de sous-doser leur traitement pour utiliser leurs engrais sur d’autres cultures. Une pratique qui engendre des pertes de rendement. Il est aussi vrai que le coton transgénique burkinabè donne une fibre plus courte, un problème sur lequel Monsanto et l’Inera travaillent actuellement. Selon les études menées ces dernières années, s’il est produit dans de bonnes conditions et dans le respect des guides techniques, ce coton « OGM » burkinabè permet d’accroître les rendements de 30 % et de réduire de près de deux tiers les traitements pesticides et insecticides. C’est là le principal avantage : réduire les coûts de ces derniers et la pénibilité du travail des champs.

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