New York, New York

Daniel Mendelsohn, Philip Roth, Marisha Pessl, Jay McInerney, Bret Easton Ellis, Paul Auster… les romanciers new-yorkais ont le vent en poupe. Et caracolent en tête des ventes.

Publié le 16 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Comme à son habitude, Lire a établi son palmarès des vingt meilleurs livres de 2007. À l’unanimité, la rédaction du magazine a placé en tête Les Disparus (Flammarion) de Daniel Mendelsohn, enquête sur la disparition de six membres d’une famille de juifs polonais exterminés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Un autre Américain, très connu celui-là, Philip Roth, apparaît en troisième position de ce classement avec Un homme (Gallimard), dont le thème est la déchéance physique liée à la vieillesse. On se souvient par ailleurs que l’une des révélations de la dernière rentrée littéraire est américaine elle aussi : Marisha Pessl, dont le premier roman, La Physique des catastrophes (Gallimard), qui raconte l’histoire d’une adolescente surdouée enquêtant sur la mort de sa professeure préférée, révèle, selon les critiques, une auteure surdouée.
Le point commun entre ces écrivains ? Ils sont tous trois new-yorkais. Chaque année, ou presque, la mégapole américaine fournit son lot de nouveaux prodiges littéraires.
Le phénomène n’est certes pas nouveau. Ville-monde s’il en est, New York a toujours produit des écrivains majeurs. D’Edith Wharton (par exemple Vieux New York, GF-Flammarion) à John Dos Passos (Manhattan Transfer, Folio), Jerome D. Salinger (L’Attrape-Curs, Pocket) puis Don DeLillo (Outremonde, Actes Sud/Babel), les plus grands romanciers ont porté et continuent à porter haut ses couleurs.

Melting-pot
À l’image de la population, la littérature new-yorkaise s’apparente à un melting-pot. Langston Hugues, Ralph Ellison, Chester Himes, James Baldwin et d’autres écrivains noirs y ont forgé leur uvre. Les émigrés d’Europe du Centre et de l’Est constituent eux aussi un apport important, à l’image du Russe Vladimir Nabokov (l’auteur de Lolita) ou, aujourd’hui, de Aleksandar Hemon, né à Sarajevo, et de Jonathan Safran Foer, dont la famille vient d’Ukraine.
Chaque minorité a en quelque sorte ses représentants. Les Italiens avec Emmanuel Carnevali (Mensonges en couleurs, Le Rocher) ou Mario Soldati (Amérique, premier amour, Gallimard). Les Juifs, bien entendu, avec des écrivains aussi importants que Saul Bellow, Henry Roth, Isaac B. Singer, Philip Roth La ville a joué également un rôle capital pour les dissidents de la Beat Generation William S. Burroughs, Jack Kerouac et Allen Ginsberg.
Parmi les figures de la nouvelle vague, celle des auteurs ayant percé au cours des trente dernières années, Jay McInerney (Le Dernier des Savage, Glamour attitude, chez L’Olivier) et Bret Easton Ellis (American Psycho, Le Seuil, ou Glamorama, Robert Laffont) se détachent.
Sans oublier Paul Auster, dont une bonne partie de l’uvre a la « Grosse Pomme » pour thème central. Il en a même tiré une trilogie, La Cité de verre, Revenants, La Chambre dérobée, publiée par Actes Sud.
Multiple sur le plan ethnique, New York l’est tout autant sur le plan géographique. On est attaché à un quartier plus qu’à un autre. Le Bronx pour Jerome Charyn (Bronx Boy, Gallimard) ; Brooklyn pour Truman Capote (Les chiens aboient, Gallimard), Hubert Selby Jr. (Last Exit to Brooklyn, 10/18), Paul Auster (Brooklyn Folies, Actes Sud) ; Harlem pour les auteurs africains-américains

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Amérique profonde
Certes, il est aussi des écrivains majeurs qui explorent d’autres territoires des États-Unis. C’est le cas de Cormack McCarthy – le dernier de ses ouvrages traduits en français, Non, ce pays n’est pas pour le vieil homme, est sorti en janvier 2007 chez L’Olivier -, installé dans le Texas et qui évoque l’Amérique profonde, plus particulièrement celle des cow-boys et des paysages désolés du Sud. Ou de Jim Harrison, dont la verdoyante nature du Montana fournit le cadre à ses récits.
Mais le rayonnement de New York est plus fort que jamais. Les événements du 11 septembre 2001 ont même fourni un regain d’inspiration à quelques-unes de ses grandes plumes telles que Don DeLillo (Cosmopolis, Actes Sud), Jonathan Safran Foer (Extrêmement fort et incroyablement près, L’Olivier) et John Updike (Terrorist, non encore traduit en français).

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