Le dur métier d’opposant en exil
Si les opposants libyens en exil comptaient sur le séjour parisien de Kadhafi pour faire entendre leur voix, ils en ont été pour leurs frais. La manifestation pacifique prévue le 10 décembre à Paris n’a duré que quelques minutes. « J’étais venu en France à l’avance pour présenter ma demande à la préfecture, raconte l’un des organisateurs, Madghis Afulay, un Berbère libyen en exil au Maroc. On nous a d’abord proposé trois endroits. Et puis, le 8 décembre, on nous a informé que la manifestation était interdite. Nous avons alors décidé de faire un sit-in, qui ne nécessite pas d’autorisation. » Peine perdue. Les premiers arrivés au Trocadéro sont priés de déguerpir par des policiers équipés d’un canon à eau. « Ils nous ont quand même laissé quinze minutes pour répondre aux questions de la presse. »
Le lendemain, cinq irréductibles distribuent des tracts aux abords de l’Assemblée nationale. « En pleine interview, nous avons été sommés de partir. J’ai été très étonné que la police française puisse entraver les médias de la sorte », poursuit Madghis. La distribution de tracts tourne court : « Ils m’ont immobilisé à huit. Celui qui me tenait les mains dans le dos m’a demandé s’il me faisait mal. Je lui ai répondu que j’avais mal depuis trente-huit ans et que ce qu’il me faisait n’était rien. Puis il m’a relâché. Ils ont pris mes tracts et nous sommes restés dans le parc pour parler des droits de l’homme avec des agents libyens, très nombreux dans les environs. L’un d’eux m’a bousculé, puis frappé dans le dos. En essayant de rendre un coup, je me suis blessé. La police est arrivée et nous ont embarqués. »
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