La fin des privilèges européens en Afrique

Publié le 16 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Les Européens s’inquiètent : ils ont de moins en moins de relations commerciales et politiques avec une Afrique qu’ils considéraient jadis comme leur pré carré. Ces cinq dernières années, l’Europe a regardé avec un mélange de colère et d’effroi une Chine à la recherche de matières premières faire son marché sur un continent qui lui ouvre les bras. Elle échange pétrole et autres matières premières contre tout ce que demandent les Africains, que ce soit de l’argent, cash ou à crédit, ou encore des ports et des routes. Le commerce sino-africain a été multiplié par cinq sur cette période, pour dépasser les 50 milliards de dollars l’an dernier. L’antériorité des relations avec l’Europe fait que cette dernière est encore le premier partenaire commercial de l’Afrique, mais les Chinois la rattrapent rapidement. Exemple du dynamisme de Pékin : en octobre dernier, la Banque industrielle et commerciale de la Chine a payé 5,6 milliards de dollars une participation de 20 % dans le capital de la Standard Bank of South Africa. C’est le plus gros investissement qui ait été fait sur le continent en une seule opération.

Et les Chinois ne sont pas les seuls. L’Inde a elle aussi acheté du pétrole et des concessions minières dans des pays tels que le Soudan et le Nigeria. L’Amérique s’est prise d’un nouvel intérêt pour l’Afrique : elle veut porter à 25 % la part de son approvisionnement en pétrole afin de réduire sa dépendance à l’égard du Moyen-Orient. L’Amérique a également recruté de nouveaux alliés africains, tels que le Mali et l’Éthiopie, dans sa lutte contre le terrorisme islamiste sur le continent.
Le tout met désormais les dirigeants africains en situation de pouvoir choisir leurs amis, plutôt que de se les faire imposer par d’autres, qu’il s’agisse des experts du développement blancs ou du Fonds monétaire international. Et ils ne boudent pas leur plaisir. Comme le dit Shamsudeen Usman, le ministre des Finances du Nigeria : « La mariée est trop belle. Les Chinois, les Coréens, tout le monde se presse autour du Nigeria. Si les entreprises européennes ne se réveillent pas, elles constateront que les meilleures places sont prises. Ceux, quels qu’ils soient, qui nous feront les meilleures propositions, les meilleures conditions, qui sont prêts à investir chez nous, c’est avec eux que nous ferons affaires. »

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L’Europe était habituée à avoir un accès privilégié aux marchés africains et à jouer de son influence politique : elle est désarçonnée par la nouvelle concurrence. Les Européens accusent la Chine de porter tort à l’Afrique en ne mettant pas comme condition à ses prêts et à ses investissements des améliorations dans la gouvernance et le respect des droits humains, à l’image des bons Européens. Mais les Africains s’en moquent. « Les Européens sont jaloux, disent-ils. Ils prétendent que nous avons un nouveau colonisateur, mais l’ancien n’avait pas de quoi se vanter. »

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