S.O.S. socialistes
Les socialistes français s’enlisent chaque jour un peu plus dans le bourbier de leur « guerre des roses ». La succession du premier secrétaire, François Hollande, cristallise les rancurs, exacerbe les rivalités et révèle l’état de profonde déliquescence d’un parti qui ne s’est toujours pas remis de la retraite intempestive de Lionel Jospin.
La basse-cour socialiste, déjà endeuillée par les rapines de ce renard de Sarkozy au lendemain de l’élection présidentielle, donne un bien triste spectacle. Caquètements incessants et futiles, crêpages de crête chez les poules, combats de coqs : le mal est profond. Faute d’un véritable leader, faute aussi d’idées claires et adaptées au contexte actuel, le congrès de Reims n’est qu’intrigues, manuvres et tractations de l’ombre. Pourtant, les grandes questions de l’heure devraient être pain bénit pour nos gallinacés rongés par l’ambition. Crise financière et dérives des marchés, urgence environnementale, inégalités sociales et économiques : autant de préoccupations qui auraient dû servir de rampe de (re)lancement à un Parti socialiste toujours aussi invisible et inaudible sur le fond. Toute formation politique traverse des crises. Mais, pour le PS, l’agonie vire à l’acharnement thérapeutique.
Deux pistes, peut-être, pour sortir le parti de l’ornière dans laquelle il se complaît. La première vient de la rive sud de la Méditerranée. Alors que tous les observateurs lui prédisaient une véritable descente aux enfers, l’Union socialiste des forces populaire (USFP) a créé la surprise au Maroc (voir l’article de Hamid Barrada, pp. 42-44). Après le désastre du congrès de Bouznika, en juin dernier, les forces vives de la gauche marocaine se sont remises en ordre de bataille. Nouvelle direction, démocratie interne introduite, cap idéologique fixé : de quoi susciter des envieux du côté de la Rue de Solferino, siège du PS français.
Si l’exemple marocain ne suffit pas, reste la dernière carte, l’ultime recours : Barack Obama. Entre la crise économique mondiale, la situation intérieure américaine catastrophique (voir l’article d’Alain Faujas, pp. 56-58), la poudrière arabo-musulmane (voir l’article de Patrick Seale, pp. 52-53), le réchauffement climatique, la lutte contre les inégalités, le choc des civilisations, l’Afghanistan, le nucléaire, les velléités d’émancipation de l’Amérique latine et mille autres travaux herculéens dont le monde entier l’a chargé, le nouveau président américain, sauveur présumé de la planète, devrait pouvoir trouver dix minutes pour s’atteler à remettre sur pied le PS. François Mitterrand doit se retourner dans sa tombe
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