Nouveau partenariat

Publié le 16 octobre 2005 Lecture : 3 minutes.

La Commission européenne et la Commission de l’Union africaine (UA) avaient choisi de longue date le 12 octobre pour tenir leurs premières rencontres collégiales d’envergure et rendre publique la « stratégie de l’Union européenne (UE) pour l’Afrique ». Les événements tragiques qui se sont produits récemment dans l’enclave espagnole de Melilla, au Maroc, révélant avec acuité le drame de l’émigration clandestine (voir pp. 36-43), leur ont donné raison. Et la mise en place d’une nouvelle stratégie de développement n’en apparaît que plus urgente.
Les présidents des deux Commissions, José Manuel Barroso et Alpha Oumar Konaré, n’ont été que plus prompts à souligner la nécessité de l’établissement d’un dialogue permanent entre les deux continents et d’une coopération cohérente pour éviter, à terme, que des Africains ne viennent mourir aux portes de l’Europe. Konaré a profité de la réunion pour prévenir que « les mesures sécuritaires seules ne pourront pas régler le problème », que ces hommes prêts à tout n’étaient « ni des bandits, ni des fainéants » et qu’il fallait s’atteler à une réforme des subventions agricoles des pays riches.

Conscient de la gravité de la situation, Barroso a rappelé que l’UE avait défini un nouvel agenda pour augmenter son aide publique au développement (APD). L’UE, qui contribue déjà à hauteur de 56 % à l’APD mondiale, veut y consacrer 0,56 % de son PIB en 2010, et 0,7 % en 2015 : « Notre aide à l’Afrique ne répond pas seulement à nos valeurs, mais à nos intérêts. Il faut s’attaquer aux causes profondes de son sous-développement. » D’où la nécessité de mettre en oeuvre la stratégie pour le continent, un document élaboré principalement par Louis Michel, commissaire au Développement et à l’Aide humanitaire.
Fruit d’un travail de longue haleine lancé par l’ancien ministre belge des Affaires étrangères dès son arrivée à la Commission, en novembre 2004, le document tente de donner à l’Europe une vision unique, convergente et programmée de sa coopération avec l’Afrique pour pallier les nombreux dysfonctionnements de l’aide européenne. Michel souhaite d’abord que l’Union n’ait qu’une politique de développement, et non vingt-six : « Un seul pays européen ne peut pas construire des routes, des moyens de communication, pour mieux relier les marchés régionaux africains. Il faut s’y mettre à plusieurs. » Grande nouveauté : la stratégie a été élaborée en concertation avec les Africains. Il y a « enfin, explique avec passion le commissaire, une nouvelle institution, l’UA, avec laquelle on nourrit en permanence un dialogue politique ambitieux. Deux institutions qui parlent au nom d’un milliard de personnes, cela fait beaucoup de monde ! » « Je sens qu’il y a un nouvel esprit de collaboration des deux côtés, a estimé, pour sa part, Barroso. Les questions des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, qui étaient taboues en Afrique il y a dix ans, peuvent aujourd’hui être discutées avec franchise. »

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De fait, l’entente était manifeste entre les présidents « d’institutions soeurs ». Les neuf commissaires africains (sur dix) ont passé la journée avec leurs homologues européens, dont une vingtaine étaient présents (sur vingt-cinq). « Il ne faut plus que les relations avec l’Afrique se fassent uniquement via le commissaire en charge de ces questions », a indiqué un responsable de la direction générale pour le Développement à Bruxelles. Pour autant, cette stratégie ambitieuse ne pourra être réellement lancée que lorsque les États membres de l’UE, via le Parlement et le Conseil européen de décembre, l’auront adoptée. Et réussi enfin à voter le budget du prochain Fonds européen de développement (FED), sur lequel ils ne se sont pas entendus en février dernier. « Tant que je ne verrai pas mis en oeuvre les instruments de cette nouvelle stratégie, permettez-moi de continuer à douter », a prévenu Konaré.

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