Lettres ivoiriennes

Publié le 16 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Pour la deuxième fois en moins d’un mois, les principaux chefs de file de l’opposition politique au président Laurent Gbagbo – Henri Konan Bédié, Alassane Dramane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse et Innocent Kobéna Anaky – ont fait parvenir une longue lettre à Kofi Annan, le secrétaire général des Nations unies. Ce courrier, daté du 10 octobre, trois jours avant la réunion du Conseil de sécurité à New York, indique sans détours que les « propositions préconisées par le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine [réuni le 6 octobre à Addis-Abeba] pour sortir de l’impasse actuelle sont vagues et imprécises… ». Si les quatre leaders sont d’accord pour qu’à partir du 31 octobre une transition n’excédant pas douze mois soit instaurée, ils ne comprennent pas que le président Laurent Gbagbo demeure chef de l’État pendant cette période.

Et les quatre de suggérer une demi-douzaine de dispositions susceptibles de « prémunir contre d’éventuels blocages et permettre le bon déroulement du processus… ». Pour eux, il faut procéder à une répartition claire et précise des pouvoirs entre « le chef de l’État de la transition et le Premier ministre de la transition ». À les entendre, le choix du premier et du second « doit être opéré de façon diligente et concertée, à défaut de consensus, par la majorité des parties signataires [au nombre de dix, NDLR] de l’Accord de Linas-Marcoussis, avant le 26 octobre, sur la base d’une résolution de l’ONU ». Dans leur esprit, il s’agit de suspendre « tous les pouvoirs constitutionnels du président de la République pour la période allant du 31 octobre 2005 jusqu’à la prise de fonctions, du nouveau président élu ».

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Il n’est pas certain que le Conseil de sécurité de l’ONU aille aussi loin et décide d’écarter le président Laurent Gbagbo en le privant de toute prérogative. Tout au plus peut-il étudier l’extension des pouvoirs du futur chef du gouvernement de transition et voir dans quelle mesure il peut s’engager davantage dans le processus électoral. En fait, le Conseil, qui a également reçu un courrier signé des trois composantes des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion) et autrement plus hostile aux propositions du CPS, est coincé. Il est sensible aux arguments de l’opposition politique et à d’autres défendus par Guillaume Soro et ses amis, mais ne peut les suivre sans se démarquer des recommandations du CPS. Sa gêne est d’autant plus grande que les Africains sont divisés sur la solution de sortie de crise en Côte d’Ivoire, et l’ont montré au sommet d’Addis-Abeba, le 6 octobre (voir J.A.I. n° 2335).

Cette difficulté devait l’amener, selon certaines sources onusiennes, à consacrer sa réunion du 13 octobre à l’audition de ses représentants en Côte d’Ivoire et des délégués de l’Union africaine (UA). Il semblait peu probable que le vote d’une résolution intervienne avant le 17 ou le 18 octobre. Car sur le dossier ivoirien, le Conseil de sécurité est tout aussi divisé que la Cedeao ou l’UA.

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