Autopsie de la démocratie

Rencontres à Cotonou sur les pratiques politiques en Afrique : bilan sans concession.

Publié le 16 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

A l’initiative de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et de l’Union africaine (UA) se sont tenues du 29 septembre au 1er octobre à Cotonou les « Rencontres sur les pratiques constitutionnelles et politiques en Afrique ». Une répétition générale avant le sommet de l’OIF, du 6 au 8 novembre dans la capitale malienne, qui doit réaffirmer la Déclaration de Bamako sur la promotion et la consolidation de la démocratie et contre les changements anticonstitutionnels dans l’espace francophone.
Le choix du Bénin pour accueillir ces rencontres ne pouvait être mieux trouvé. Les parrains, non plus : Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF – qui n’a pu faire le déplacement -, Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l’UA, et leur hôte, le chef de l’État béninois, Mathieu Kérékou, qui ont tous trois étrenné chez eux l’alternance démocratique. Le casting des invités a suivi avec pas moins de cent soixante-dix participants, politiques et intellectuels, venus plancher sur les pratiques de pouvoir depuis l’avènement des processus démocratiques sur le continent, il y a quinze ans. Ils ont salué les alternances par les urnes, mais n’en ont pas moins stigmatisé certaines dérives. Et tiré la sonnette d’alarme sur les signes qui montrent que « le pluralisme politique, avec ses jeux d’équilibre et ses contre-pouvoirs, demeure inachevé, imparfait, voire tronqué. Avec, ici ou là, la persistance d’un multipartisme de façade, le dévoiement fréquent du suffrage universel, les dysfonctionnements des mécanismes de régulation à l’image des institutions judiciaires trop souvent soumises à l’emprise du pouvoir politique. »
Que dire, par exemple, de la manipulation de la Loi fondamentale pour rester au pouvoir coûte que coûte ? Faut-il attendre que la Guinée prenne feu pour appeler les pompiers ? Comment éviter de sacrifier la justice à la paix ? Conforter la démocratie sans combattre l’impunité alors que la lutte contre celle-ci est une façon de prévenir violences et conflits ? Les signes d’essoufflement sont nombreux, qui font remarquer à Alpha Oumar Konaré que l’heure a peut-être sonné de faire en sorte que les organisations panafricaines ne se paient plus seulement de palabres entre présidents. « Tant que nous resterons face à des chefs d’État, a-t-il lancé à Cotonou, nous n’avancerons pas. » Le chantier est ouvert, qui sera donc poursuivi par les dirigeants francophones à Bamako début novembre.

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