Première édition du Festival de Cannes

Publié le 16 septembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Tout le monde l’a oublié : le premier Festival de Cannes, en 1946, ne s’est pas ouvert au mois de mai, comme maintenant, mais le 20 septembre. Et avec sept ans de retard. Un premier rendez-vous avait en effet été pris en septembre 1939. Mais Hitler en a décidé autrement.
L’idée était de concurrencer la Mostra de Venise, le premier festival cinématographique mondial créé en 1932. Choqués par l’interventionnisme des gouvernements fascistes allemand et italien dans la sélection des films à Venise, Français, Britanniques et Américains envisagent de créer un autre festival. En 1939, le ministre français de l’Instruction publique et des Beaux-Arts, Jean Zay, propose d’organiser en France un événement cinématographique mondial. Plusieurs villes sont candidates, dont Vichy, Biarritz et Alger.
C’est finalement la station balnéaire de Cannes qui est choisie pour « son ensoleillement et son cadre enchanteur ». Louis Lumière, l’inventeur du cinéma, accepte de présider le premier festival, qui doit se dérouler du 1er au 30 septembre. Dès le mois d’août, les vedettes du grand écran envahissent la Croisette. C’est en paquebot affrété par la Metro-Goldwyn-Mayer que les plus grandes stars hollywoodiennes de l’époque arrivent des États-Unis. Tyrone Power, Gary Cooper, ou encore Norma Shearer, ils sont tous là pour lancer l’événement.
Mais le 1er septembre, jour de l’inauguration, les troupes allemandes envahissent la Pologne, sonnant le glas de cette première édition.

L’idée d’un Festival à Cannes ne fut toutefois jamais abandonnée. Dès 1945, l’Association française d’action artistique est chargée de le préparer, sous l’égide du ministère des Affaires étrangères et de celui de l’Éducation nationale, et, à partir de 1946, du Centre national de la cinématographie (CNC). C’est finalement le 20 septembre 1946 que l’ancien Casino de Cannes accueille la véritable première édition du Festival international du film. Il ne s’appellera officiellement Festival de Cannes qu’en 2002. Vingt et un pays y présentent des uvres de leur choix.
Malgré les conditions difficiles de l’après-guerre, ce premier festival est un succès. On y découvre le néoréalisme italien avec Rome, ville ouverte, de Roberto Rossellini, ainsi qu’un cinéma anglais intimiste avec Brève Rencontre, de David Lean. La même année, un cinéma mexicain quasi inconnu avec María Candelaria d’Emilio Fernández fait aussi une apparition remarquée sur la scène cannoise.

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Le cinéma français tient ses promesses et affirme sa diversité avec La Bataille du rail, de René Clément, ou encore La Belle et la Bête, de Jean Cocteau. Ce dernier déclarera à propos du festival : « C’est un no man’s land apolitique, un microcosme de ce que serait le monde si les hommes pouvaient prendre des contacts directs et parler la même langue. » Nombreux sont les cinéastes et les acteurs qui attendent avec impatience l’édition suivante. Mais le palmarès de 1947 n’enthousiasme guère en récompensant des films « engagés » comme Les Maudits, de René Clément, et Antoine et Antoinette, de Jacques Becker.
Au fil des ans, avec l’augmentation croissante du nombre de participants et l’importance de nouveaux enjeux économiques, le Festival de Cannes devient le rendez-vous incontournable des professionnels du cinéma et la manifestation annuelle la plus médiatisée avec près de 4 000 journalistes représentant plus de 1 600 médias. Aujourd’hui, après avoir fêté ses 60 ans en mai 2007, le Festival de Cannes continue d’innover et de se développer avec notamment la récente installation du numérique dans les salles cannoises et l’entrée du cinéma de genre dans la sélection. Malgré Venise et Berlin, il reste sans rival.

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