N’oublions pas l’essentiel

Publié le 16 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Le PIB par tête du Russe moyen est passé de 600 à 4 500 dollars depuis le début du règne de Poutine ; la hausse des prix du pétrole explique une partie, mais une partie seulement, de cette envolée. Le nombre de pauvres est tombé de 42 à 26 millions ; celui des diplômés de l’enseignement supérieur a augmenté de 50 %, et une classe moyenne est en train de naître dans les villes.

Cela fait des années que je critique la façon dont Poutine accapare le pouvoir. Mais le fait demeure que la Russie d’aujourd’hui est un curieux mélange de libertés et d’absence de libertés. Chaque année, 90 000 ouvrages sont publiés, qui reflètent tout l’éventail des opinions politiques. Les sondages démontrent certes l’attachement du peuple russe à la démocratie. Mais, dans la foulée des années 1990, ils sont encore plus attachés aux conditions qui leur permettront de mener une vie sociale et économique décente.

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C’est avec les mêmes illères que nous sommes entrés en Irak, convaincus que le départ de Saddam était la seule aspiration des Irakiens. Mais lorsque notre intervention a eu pour résultat de faire voler en éclats l’ordre, la stabilité et la vie civilisée, ils en furent horrifiés et se mirent à nous accuser. Si nous avions observé avec plus de perspicacité les réalités fondamentales de la situation irakienne, pour conservatrices qu’elles paraissent, nous ne serions pas aujourd’hui dans un tel pétrin.
Le Nigeria est un autre exemple. Les autorités américaines se sont demandé comment venir en aide à ce pays, pour empêcher que son président élu, Olusegun Obasanjo, ne brigue un troisième mandat, ce qui aurait imposé d’amender la loi électorale. Le Sénat nigérian a exclu cette possibilité, et Washington s’en est félicité. Mais le fait est que tout ce remue-ménage n’a rien à voir avec ce qui se passe réellement au Nigeria. Depuis vingt-cinq ans, ce pays est en chute libre. D’après un article de Jeffrey Tayler, paru en avril dans la revue The Atlantic, son PIB par habitant est tombé de 1 000 à 390 dollars. À l’Indice de développement humain, le Nigeria est derrière Haïti et le Bangladesh. La Banque mondiale affirme que, en 2004, 80 % des revenus pétroliers du Nigeria ont été accaparés par 1 % de la population. Les tensions religieuses se durcissent, particulièrement entre musulmans et chrétiens, et douze des trente-six provinces ont imposé la charia. Le pays est en proie à une violence qui a fait 10 000 morts au cours des huit dernières années. Dans un tel contexte, l’éventualité d’un troisième mandat d’Obasanjo n’est vraiment pas la grande question dont dépend l’avenir du Nigeria.

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