Tourabi apostat !

Publié le 16 avril 2006 Lecture : 1 minute.

Idéologue des islamistes soudanais, Hassan Tourabi (74 ans) est poursuivi en justice pour « apostasie ». Engagée le 11 avril par le cheikh Mohamed Abdekarim, un éminent docteur de la foi, la procédure a reçu, dès le lendemain, la caution de la Ligue des oulémas et prédicateurs du Soudan, par le biais d’un opuscule dressant l’inventaire exhaustif des « hérésies » dont il est accusé. Les oulémas exigent qu’il s’en explique, à brève échéance, devant un tribunal islamique. « S’il ne fait pas son mea-culpa, menacent-ils, il devra subir le même sort que Mahmoud Mohamed Taha. » Penseur rationaliste lui aussi accusé d’apostasie, ce dernier avait été, en 1984, exécuté par le régime du général Gafaar Nemeiri.
Que reproche-t-on à Tourabi ? D’avoir, début avril, lors d’un colloque à Khartoum consacré au « rôle de la femme dans l’instauration d’un gouvernement juste », émis une fatwa autorisant les musulmanes à épouser des juifs ou des chrétiens. Rien, selon lui, ne s’y oppose dans le Coran ou dans la tradition du Prophète. Pour faire bonne mesure, il a d’autre part estimé qu’une femme est parfaitement habilitée à devenir imam et à diriger la prière.
Issu d’une famille maraboutique et docteur en droit, Tourabi a longtemps été l’éminence grise du régime fondamentaliste instauré à Khartoum en 1989. Depuis sept ans, une partie de ses « fils spirituels » – au premier rang desquels le général Hassan el-Béchir, l’homme fort du pays – se sont détournés de lui. Il fut l’un des rares chefs de file de l’islamisme politique à avoir récusé la fatwa iranienne contre l’écrivain britannique Salman Rushdie.

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