Pénurie mondiale

Publié le 16 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

« On constate une pénurie chronique d’agents de santé qualifiés. La pénurie est mondiale, mais particulièrement aiguë dans les pays qui ont les plus grands besoins. » C’est par ce constat alarmant que le Dr Jong Wook-lee, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), préface le rapport 2006 sur la santé dans le monde qui vient de paraître sous le titre « Travailler ensemble pour la santé ». Ils sont ainsi 57 pays à souffrir d’une grave pénurie du personnel médical, ce qui correspond à un déficit de 4,3 millions de médecins, d’infirmières et de sages-femmes dans le monde. Et c’est en Afrique que le phénomène est le plus alarmant : 4 % seulement du personnel sanitaire mondial exerce sur le continent, alors que la charge de morbidité y atteint 24 %, et les dépenses liées à la santé ne représentent que 1 % des dépenses mondiales. À titre de comparaison, le continent américain, dont le taux de morbidité est de 10 %, représente 37 % du personnel sanitaire mondial et 50 % des dépenses mondiales. Mêmes disparités quant à la densité des professionnels : ils sont 24,8 agents médicaux pour 1 000 habitants sur le continent américain, contre 18,9 en Europe, 4,3 en Asie du Sud-Est et seulement 2,3 en Afrique. Mais tous les pays africains ne sont pas égaux face à cette pénurie. L’Afrique subsaharienne est davantage concernée, les seuls pays épargnés étant le Soudan, le Gabon, la Namibie, le Botswana et l’Afrique du Sud. Quant aux pays d’Afrique du Nord, ils sont deux à manquer cruellement de personnel soignant : le Maroc et la Mauritanie.
Mais le rapport relève un paradoxe : dans certains pays, il y a, d’une part, un déficit de personnel important et, d’autre part, un nombre croissant de personnes qualifiées sans emploi. Une contradiction que l’OMS explique par « la pauvreté, les imperfections du marché du travail dans le secteur privé, le manque de fonds publics, les pesanteurs administratives et les ingérences politiques ». Sans compter un déséquilibre dans la répartition du personnel qui donne parfois des schémas biaisés par un nombre restreint d’agents « trop rémunérés ». Mais le facteur qui pèse le plus sur ce déséquilibre reste celui de l’émigration des professionnels issus des pays du Sud vers des pays plus riches. C’est la fameuse « fuite des médecins ». Un phénomène qui risque fort de s’aggraver, selon les prédictions de l’OMS. Dans les années à venir, les pays du Nord, à la population vieillissante, auront d’autant plus besoin de personnel médical qu’ils compteront plus de patients et moins de jeunes en formation médicale. À terme, ce phénomène risque d’encourager « l’exode des blouses blanches ».
Pour contrer ces risques, qui posent de réels « problèmes de santé mondiaux », l’OMS préconise une série de mesures à appliquer dès le début de la formation des agents de santé, et à mener sous forme de suivi jusqu’à leur entrée dans la vie active. Formation et encadrement de qualité, orientation et recrutement adaptés, rémunération juste et régulière sont les principaux points de cette stratégie internationale qu’il devient urgent d’adopter à l’horizon 2015. Ce plan d’action exposé dans le rapport comprend également des clauses morales, comme la nécessité, face aux flux migratoires sanitaires, d’instaurer des « accords de coopération destinés à protéger les droits et la sécurité des travailleurs, et à favoriser l’adoption de modes de recrutement respectueux de l’éthique ».

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