Plan de vol africain

Publié le 16 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Quel avenir pour le transport aérien africain ? Il paraît plutôt sombre si l’on se fie à la liste noire publiée en mars par l’Union européenne (UE), dans laquelle les compagnies du continent sont surreprésentées. Au moment de la libéralisation du ciel africain, il s’agit « d’une concurrence déloyale », selon Christian E. Folly Kossi, secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), qui s’exprimait lors du premier African Airlines Forum, organisé à Bamako, les 6 et 7 avril. En effet, cette liste ne peut que nuire à l’image de l’ensemble des transporteurs africains, alors même que la plupart des compagnies mentionnées n’existent que sur le papier et n’ont pas vocation à rallier l’Europe. « C’est comme vouloir interdire les taxis-brousse africains dans la circulation parisienne ! » s’est exclamé Folly Kossi.
Cela étant, la volonté de certains États de vouloir créer ou conserver coûte que coûte une compagnie nationale relève souvent de l’acharnement patriotique, contre toute logique de rentabilité. Quant aux investisseurs privés, aussi séduits par le mirage du transport aérien, ils se lancent dans des créations anarchiques, au mépris des règles de sécurité, dans un secteur peu profitable à l’exception notable des liaisons intercontinentales déjà trustées par les compagnies occidentales.
Pourtant, le transport aérien en Afrique, seulement 4 % du trafic total mondial, recèle un potentiel de croissance important. À preuve, aux côtés de grands groupes tels que Air France-KLM et British Airways, dont la présence et les positions dominantes sont parfois perçues comme du néocolonialisme, de nouveaux acteurs, Emirates Airlines, Qatar Airways ou l’américain Delta, relient les capitales africaines aux grandes métropoles de la planète à des tarifs très compétitifs. Ces liaisons sont nécessaires, mais pas suffisantes pour permettre un décollage du continent. Les succès de South African Airlines, Kenya Airways, Ethiopian Airlines et Virgin Nigeria montrent qu’une gestion rigoureuse par un management stable et des alliances pertinentes peut permettre l’émergence de compagnies africaines fiables. Selon Djibril B. Tabouré, directeur général de l’agence de voyages malienne ATS, et principal organisateur du Forum, « l’enjeu n’est autre que de développer le secteur du tourisme, vecteur d’emplois et de revenus ». Pour y parvenir, l’amélioration du service et la modernisation des flottes seront indispensables. De même, l’échéance du 30 décembre 2007, date du passage à la billetterie électronique (l’e-ticketing), sera révélatrice de la capacité des transporteurs africains à s’adapter pour survivre.

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