Peut-on délocaliser Dieu ?

Publié le 16 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

C’est avec stupéfaction qu’on relève dans la presse l’information suivante : « Grâce à Internet, les fidèles catholiques européens ont désormais la possibilité de faire dire des messes dans des paroisses indiennes pour 3 euros au lieu de 15 en moyenne sur le Vieux Continent. »
On croyait avoir tout vu, tout lu Mais non. Le capitalisme a une capacité infinie d’étendre ses limites. Marx (prions pour son âme à Calcutta) l’avait certes prévu, mais, tout de même, on ne croyait pas que le marketing et la transcendance pouvaient un jour se rencontrer si spectaculairement.
Voilà au moins une délocalisation où l’Inde a un avantage certain sur la Chine. On voit mal une veuve bretonne ou bavaroise s’adresser au Bon Dieu par l’intermédiaire des enfants de Mao. L’Inde, en revanche, c’est le continent de la spiritualité.
Du temps que j’habitais dans la patrie de Gandhi, mon temple favori était celui, à Delhi, où l’on trouvait pas moins de sept mille statues, dont un petit Jésus. Je demandai un jour au gardien des lieux qu’est-ce que sidna Aïssa (Jésus pour les musulmans) faisait entre tous ces dieux incompréhensibles. Il me répondit, sérieux comme un pape :
– Il y a quelques années, des missionnaires chrétiens sont venus nous parler de Jésus. Nous l’avons trouvé très sympathique. Nous avons reconnu en lui un éveillé, comme Bouddha. Nous l’avons donc accepté parmi nos divinités, parce qu’il a une parcelle de divin en lui.
– Et Mohammed ?
– Nous l’avons aussi en stock.
On comprend dès lors que ces gens-là ont une longueur d’avance quand la globalisation atteint les rivages du sacré. D’ailleurs, il suffit d’être allé une fois à Bénarès pour se rendre compte que les rivages du sacré se confondent avec ceux du Gange.
Cela dit, l’Inde n’est pas seule à pouvoir offrir un bon rapport qualité/prix quand il s’agit de Dieu. Quid de l’Afrique ? Nous avons en Afrique noire un business mix sans égal : animistes, catholiques, musulmans, mille sectes protestantes Et je suis sûr qu’on pourrait offrir des prières discount à 1 euro à Kinshasa ou à Dakar. Qu’attendent mes amis africains ? Pour une fois qu’on peut faire des sous tout en faisant uvre pie !

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