Kadhafi ne fait plus rire

Publié le 16 avril 2006 Lecture : 2 minutes.

Pour se faire pardonner d’avoir un peu trop mollement réagi à l’affaire des caricatures danoises, Mouammar Kadhafi a choisi de donner un éclat particulier aux festivités du Mouloud, qui commémorent la naissance du Prophète. Pour cela, le « Guide » de la Jamahiriya libyenne a choisi la ville sainte de Tombouctou, dans le nord du Mali. Prenant en charge l’intégralité des frais de l’opération, il tenait à réunir autour de lui un aréopage de choix. Tous les leaders de la Communauté des États sahélo-sahariens (Censad) ont donc reçu un carton d’invitation. Et Ahmed Kaddaf Eddam, son cousin, a été dépêché auprès de l’Algérien Abdelaziz Bouteflika et du Marocain Mohammed VI. Las, l’un et l’autre ont poliment décliné. Le Tchadien Idriss Déby Itno avait naturellement d’autres chats à fouetter, et le Gabonais Omar Bongo Ondimba, un moment annoncé, a fait défection à la dernière minute.
Seuls une poignée de chefs d’État ont fait le déplacement, le 12 avril, pour écouter le prêche Kadhafien : le Mauritanien Ely Ould Mohamed Vall, le Nigérien Mamadou Tandja, le Sierra-Léonais Ahmed Tedjan Kaba Plus le Malien Amadou Toumani Touré – qui, après tout, était chez lui -, l’Africain-Américain Louis Farrakhan, chef controversé de Nation of Islam, et le vice-Premier ministre de Tchétchénie.
Jamais l’aéroport de Tombouctou n’avait vu une telle noria de gros-porteurs. Les appareils de l’aviation libyenne acheminaient sur place cars et régie vidéo pour retransmettre en direct dans le monde entier la naissance du « Pacte de Tombouctou ». Le « Guide » a en effet remis au goût du jour sa vieille idée d’une fédération du Grand Sahara. Son but déclaré : « unir les populations de cette région qui s’étend du fleuve Sénégal au Croissant fertile et les doter d’une armée unique ».
Encore une Kadhafiade ? Bien entendu, mais force est de reconnaître que la plaisanterie fait de moins en moins rire. On se souvient qu’au début des années 1980, une lubie de ce type avait abouti à la création d’une « Légion verte » essentiellement composée de jeunes Touaregs financés et formés par la Libye. C’est cette « armée » qui avait fourni l’essentiel de ses effectifs à la sédition de l’Azawad, au Mali, et à l’insurrection touarègue au Niger. Kadhafi a publiquement soutenu devant ses invités – à la stupéfaction de ces derniers – avoir obtenu pour son projet la bénédiction de ses pairs sahélo-sahariens, mais aussi des sultans et des chefs de tribu de la région

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