L’habit ne fait pas le moine

Publié le 16 janvier 2005 Lecture : 1 minute.

Ce matin, la pub qui me réveille mélange dans son message « habiller » et « habit ». Quoi de plus naturel ? « Habiller » ne vient-il pas de « habit » ? Vérification faite, c’est faux. « Habiller » vient de « bille » et signifiait à l’origine l’acte de préparer une bille de bois, c’est-à-dire un bloc non équarri. D’ailleurs, on écrivait « abiller », sans h. Plusieurs métiers utilisent encore cette expression dans le sens de « mettre dans un certain état, adapter » ou « rendre propre à ».

Quant au mot « habit », il vient du latin habitus, qui signifie « manière d’être ». Il s’agit en fait d’un terme très précis, qui désigne un vêtement masculin de cérémonie, en
drap noir, dont les basques, échancrées sur les hanches, pendent par-derrière. C’est sous l’influence du mot « habit » et sans doute par ignorance du sens propre du verbe
« abiller » que ce dernier a pris son sens actuel, celui de vêtir.

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Un mot en cache donc un autre et l’habit ne fait pas le moine. À propos, savez-vous que cette expression elle-même a changé de sens au cours du temps ? À l’origine, elle désignait une règle du droit canon : un simple novice, même revêtu de l’habit de l’ordre, ne pouvait posséder un bénéfice régulier, c’est-à-dire un revenu. En ce sens, il n’était pas encore un moine… Plus tard, cette simple règle de comptabilité, si l’on ose dire, a
pris un sens différent, celui que nous connaissons aujourd’hui : « Il ne faut pas juger les gens sur leurs apparences. » Ce que d’ailleurs conteste l’humoriste qui a dit : « Méfiez-vous de la première impression, c’est souvent la bonne »

Bref, sous la surface des mots bouillonne toute une vie, un passé, une histoire. C’est ce qui fait le génie d’une langue et la rend inépuisable.

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