Andris Piebalgs : « L’UE dépense 4 milliards d’euros par an pour l’Afrique »

Si l’Union européenne ne souhaite pas augmenter son enveloppe destinée à l’aide au développement, le continent reste sa priorité. Le Mali, notamment, est au centre de ses attentions.

Andris Piebalgs, commissaire européen au Développement. © UE

Andris Piebalgs, commissaire européen au Développement. © UE

Publié le 13 mars 2013 Lecture : 3 minutes.

En visite au Burundi, le commissaire européen au Développement, Andris Piebalgs, a répondu aux questions de J.A. Budget resserré, intervention au Mali et coopération avec les Chinois étaient au menu des discussions.

Jeune Afrique : Des ONG craignent que les Objectifs du millénaire pour le développement ne puissent être atteints dans le cadre du budget récemment voté par l’Union européenne [UE]. Que leur répondez-vous ?

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ANDRIS PIEBALGS : Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne, c’est que l’objectif de consacrer 0,7 % des PIB nationaux à l’aide au développement reste inscrit dans les conclusions du Conseil européen. La mauvaise, c’est que notre demande pour augmenter l’aide au développement au niveau européen n’a pas été suivie. Cela dit, rappelons que seulement 18 % de l’aide passe par l’UE, contre 82 % par les budgets nationaux. La balle est donc dans le camp des États. Nous avons dépensé 4 milliards d’euros par an pour l’Afrique, une somme qui sera amenée à augmenter à mesure que l’aide à destination de l’Asie et de l’Amérique latine diminuera.

Notre appui budgétaire à Bamako doit aussi profiter au nord du pays.

La Chine s’impose comme un partenaire financier important en Afrique. Vous en réjouissez-vous ?

Oui, car cela signifie plus de moyens pour le continent. Je souhaite que nous travaillions ensemble et qu’il y ait plus de transparence, même si notre priorité est la programmation conjointe avec les pays membres de l’UE, la Norvège et la Suisse d’une part et avec l’Usaid [Agence des États-Unis pour le développement international, NDLR] et les autres bailleurs nationaux d’autre part. Nous essayons de travailler avec des pays dont l’approche est similaire à la nôtre. Par exemple, pour nous, les droits humains font partie de la coopération ; les Chinois sont plus fermés sur ce sujet.

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Quels sont les axes essentiels de l’approche européenne en Afrique ?

Le premier, bien sûr, c’est la bonne gouvernance. Le deuxième, c’est le soutien aux secteurs de l’énergie et de la finance pour débloquer l’investissement privé. Le troisième, c’est la lutte contre le changement climatique.

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Des critiques pointent l’inefficacité de l’aide… Qu’en pensez-vous ?

C’est absolument faux. Tous les projets ont donné des résultats positifs. C’est pourquoi cet objectif de 0,7 % du PIB des États membres est nécessaire pour obtenir de vrais résultats. Parfois, je constate que les Européens caricaturent l’Afrique. La corruption, la violation à répétition des droits humains… Nous devons aussi mieux communiquer les résultats obtenus sur le terrain.

Vous avez récemment repris la coopération avec le Mali. Quelle est la situation économique et sociale dans ce pays ?

Nous travaillons selon trois axes. La première partie de notre aide concerne les projets commencés dans le Nord-Mali : l’accès à l’eau, les routes stratégiques et quelques projets de sécurité alimentaire. Le deuxième volet, c’est l’appui budgétaire conditionné à une feuille de route ; nous veillons à ce que cet argent soit aussi dépensé dans le nord du pays. Le troisième volet, c’est l’accompagnement des futures élections. La situation est préoccupante mais pas critique. Il est rassurant de constater que le pays a conservé une croissance économique et qu’il n’y a pas de pénurie alimentaire, notamment grâce à une bonne récolte. Si l’aide marche bien, je suis optimiste, car les structures de l’État n’ont pas été détruites. Il devrait être possible de retrouver assez rapidement un niveau d’avant-crise. Mais il est important de faire mieux qu’avant le coup d’État.

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