Ce que lisent les Sud-Africains

Publié le 16 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Sandton est un quartier chic de Johannesburg. Dans son gigantesque centre commercial déambulent les Sud-Africains aisés ainsi que de nombreux badauds attirés par les produits du monde occidental. Au milieu des boutiques huppées, à deux pas du célèbre supermarché Woolworth, les deux librairies de la chaîne nationale Exclusive Books proposent en quantité ouvrages américains, britanniques et sud-africains.
La clientèle des deux bookshops est variée – jeune et âgée, blanche et noire -, mais une chose est sûre : elle a les moyens de s’acheter ces livres qui coûtent souvent cher. Et ses lectures ressemblent à celles des Anglo-Saxons du monde entier. En tête des ventes, en décembre, trônait le best-seller mondial, Da Vinci Code de l’Américain Dan Brown. Venaient ensuite Nights of Rain and Stars de l’Irlandaise Maeve Binchy, puis Jane Austen Book Club de Karen Joy Fowler. L’autobiographie de Gabriel García Márquez, Living to Tell the Tale (Vivre pour le raconter, en français), se vendait également comme des petits pains. Du côté des « non-fictions », Feast de Nigella Lawson, un livre de recettes particulièrement bien ficelé, était très demandé, de même que, dans un genre plus sérieux, la nouvelle biographie d’Oliver Tambo, Beyond the Engeli Mountains par Luli Callinicos.
Malgré leur goût pour les livres étrangers, les Sud-Africains apprécient également les ouvrages locaux, écrits en anglais (l’afrikaans a peu de succès à Johannesburg), en particulier ceux qui décrivent les difficultés qu’affrontent au quotidien les citoyens de la nation Arc-en-Ciel. Scribbling the Cat : Travels With an African Soldier d’Alexandra Fuller, née en Angleterre « par erreur » admet-elle, et qui se dit « Africaine blanche », (son précédent livre, très autobiographique, a été traduit en français sous le titre Larmes de pierre) se vend presque aussi bien que Da Vinci Code ou les polars de Patricia Cornwell. Alors que tout ce que publient JM Coetzee ainsi qu’André Brink (notamment son récent Before I Forget), de loin les auteurs sud-africains les plus appréciés, disparaît rapidement des rayons.

À la fin de l’année 2004, un auteur sud-africain noir marchait fort bien dans les librairies de Sandton : Zakes Mda, célèbre depuis La Madone d’Excelsior et son prix du Commonwealth en 2001, fait à nouveau un tabac avec The Heart of Redness (traduction en français prévue prochainement au Seuil). Shirley, Goodness and Mercy : a Childhood Memoir, les Mémoires de l’écrivain Chris Van Wyk, né et élevé à Riverlea, un township de l’ouest de Jo’burg, a trouvé ses lecteurs habituels parmi les Sud-Africains favorisés, mais, pour le plus grand bonheur de l’auteur, commence à se lire aussi dans son quartier natal, où il vit encore.
À noter enfin, parmi les meilleures ventes à Sandton, People Like Ourselves de Pamela Jooste, un habile roman sur la nouvelle Afrique du Sud et ses ambiguïtés, et Warriors, Lovers and Prophets : Unusual Stories from South Africa’s Past, du journaliste Max du Preez. « Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es » : les Sud-Africains ont assurément encore des comptes à régler avec leur passé. Pour ce faire, ils ont choisi la voie des livres, plutôt que celle des armes.

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