Aux urnes, Togolais !

Publié le 16 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Selon que vous serez puissant ou misérable, géopolitiquement insignifiant ou au coeur des intérêts du monde riche, le traitement que vous réservera la communauté internationale sera aussi contrasté que le jour l’est de la nuit. Exemple : le Togo. Pendant plus d’une décennie, le pays de Gnassingbé Eyadéma a survécu, au prix de l’appauvrissement général de sa population, sous un régime drastique de sanctions économiques imposées par l’Union européenne et les institutions de Bretton Woods. Motif : « déficit démocratique ». Alors que chefs d’État, investisseurs et eurocrates courtisent sans soulever la moindre conditionnalité des régimes nettement plus autoritaires que celui de Lomé – la Libye, l’Angola, la Chine ou la plupart des pays arabes -, le Togo s’est vu sommer, année après année, de fournir les preuves tangibles de ce que le conseil de l’Union européenne, qui vient enfin de desserrer l’étau de quelques crans, appelle des « initiatives notables sur la voie du dialogue et de la démocratie ». Fort bien. Sauf que l’on aimerait voir pareille vigilance, aussi scrupuleuse que vertueuse, s’exercer également en direction d’un Mouammar Kadhafi ou des émirs du Golfe. Il est vrai qu’à l’égard de ces derniers les Européens ne sont pas des tuteurs mais des clients, demandeurs empressés de pétrodollars – ce qui change tout.

Parce qu’il est petit et faible, parce que l’enjeu qu’il représente est mineur, le Togo a pendant dix ans été réduit à l’état de monnaie d’échange au sein du vaste marché bruxellois de l’UE. Français, Britanniques, Allemands, Italiens, Espagnols s’y livrent à une sorte de Monopoly plutôt cynique, du genre : « Laisse-moi m’occuper de mon Zimbabwe et je te lâche la grappe sur ton Togo, sois cool sur ma Mauritanie et je ferme les yeux sur ton Cuba, fais ce que tu veux avec la Guinée, mais soutiens-moi en Côte d’Ivoire », etc. Aujourd’hui encore, malgré les « résultats positifs » enregistrés par l’UE, il y a deux mois, le Togo n’est pas toujours maître de son destin. Il lui faut organiser, d’ici à avril, des élections législatives anticipées – ce qui est en soi une bonne chose, pour peu que l’on n’attende pas de cet exercice la solution miracle aux problèmes de légitimité, de représentation et de gouvernance.
Si le gouvernement togolais se situe désormais au pied du mur électoral, son opposition l’est également. Passant outre aux souffrances des populations et à l’injustice géopolitique de sanctions à double vitesse, les anti-Eyadéma n’ont cessé de prier et d’oeuvrer pour que se prolonge la lente strangulation du pays – et donc, pensaient-ils, de son régime honni. Sur ce dernier point, cette stratégie fut un échec puisque le président Eyadéma est toujours là. Reste à savoir qui se verra infliger la seule sanction qui vaille : celle des urnes.

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