Arrêtez ces tartuferies, Messieurs les colons !

Publié le 16 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

« Imaginez le bruit qu’il y aurait si l’on voulait démanteler un seul village arabe ! Et vous voulez démanteler vingt-deux colonies ? » lance le colon assis dans son appartement. Mes excuses, Monsieur, ce n’est pas un seul, mais quatre cents villages palestiniens qui ont été démantelés, un peu partout. Tous les matins, en regardant par la fenêtre, vous pouvez voir des réfugiés qui ont été déracinés il y a cinquante-six ans sans avoir reçu 300 000 dollars de dédommagement [somme promise aux colons qui seront évacués].
« Démanteler les colonies serait une catastrophe, et ceux qui exécuteront de tels ordres seront jugés comme l’ont été les nazis et leurs complices ! » dit encore le colon, qui a cousu sur sa chemise un bout de tissu orange rappelant l’étoile de David. Mes excuses, cher et respectable colon, à moins que tu ne sois négationniste, sache que les victimes du nazisme ont été arrachées de leurs maisons, transférées vers des ghettos et finalement transportées, entassées dans des wagons à bestiaux, vers les camps d’extermination.
Quant à vous, vous serez arrachés à cette vallée de la mort qu’est la bande de Gaza, avec ses barbelés et ses tirs de roquettes, […] et vous obtiendrez en échange des dédommagements qui vous permettront, au choix, de vous envoler pour Las Vegas ou de vous acheter un appartement dans un faubourg chic de Tel-Aviv. Ceux que vous qualifiez de nazis Ariel Sharon, l’armée, les gardes-frontières, la police, les partisans du désengagement sont en réalité des amis venus vous sauver du danger. Vous devriez donner libre cours à votre gratitude à leur égard. « Cette fois-ci, nous aurons recours à la violence ! Nous résisterons ! Nous irons en prison s’il le faut ! » s’exclame le colon, qui menace d’inventer de nouvelles formes d’action. Mille excuses, mais vous n’aurez rien à inventer, puisque vous vous êtes depuis longtemps habitués à violer la loi, à frapper des soldats, à voler des terres, à détruire des oliveraies, à tirer dans tous les sens et à vous soustraire à la justice. Vous vous êtes habitués depuis longtemps à menacer la presse, à exercer des pressions et à constituer des lobbies afin d’éviter l’application
du droit et échapper à la prison, même si vous avez tué un enfant ou un vieillard.
Depuis 1967, vous avez formé le groupe le plus violent, le plus comploteur et le plus dangereux pour l’État de droit israélien et pour l’éthique juive. Personne avant vous ne s’était jamais drapé dans sa piété comme vous le faites. Personne avant vous n’a jamais accumulé autant de mensonges et de bigoterie. Serez-vous traités, cette fois, comme n’importe quel justiciable ? Ce serait une vraie nouveauté. Soyez conscients que quelque chose ne marche plus dans vos histoires depuis que le grand comploteur [Sharon], celui qui a toujours défendu votre cause, a décidé lui-même de vous évacuer.
Le fait que vous soyez évacués me rend heureux, puisque cela permettra à vos enfants de vivre sans peur. Je regrette seulement que vous les ayez fait vivre là-bas durant tant d’années.

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