Maroc : dans l’oeil de Nemotek
Concepteur et fabricant de caméras miniatures pour l’industrie des télécoms, la filiale de MedZ possède un savoir-faire rare. Une technologie qu’elle veut adapter aux pays émergents.
On peut être l’une des entreprises les plus innovantes du continent et manquer de notoriété. Au Congrès mondial du mobile à Barcelone fin février, la société marocaine Nemotek Technologie ne jouait pas encore dans la cour des grands. Mais son savoir-faire ne laisse plus l’industrie des télécoms indifférente. Ses 300 salariés conçoivent et fabriquent les caméras les plus petites au monde. Le modèle présenté en Espagne mesure 3 mm de côté et 2,3 mm d’épaisseur. Or seules trois ou quatre compagnies en Amérique et en Asie maîtrisent cette technologie. Des composants employés dans la fabrication de smartphones, de tablettes tactiles, d’ordinateurs… mais également utilisés dans le domaine médical, explique le directeur général de Nemotek, José Gatta.
Créé en 2008 par l’agence de développement MedZ (filiale de la Caisse de dépôt et de gestion, qui détient 97,6 % du capital), Nemotek possède la salle blanche la plus perfectionnée du continent, sur le site Rabat Technopolis. C’est dans cet espace confiné, filtré en permanence pour éviter la présence de particules inertes, que sont réalisées les opérations les plus critiques. Pas moins de 150 manipulations sont nécessaires pour finaliser ces petits bijoux de technologie. Des caméras vendues entre 1,2 dollar (0,9 euro) pièce pour les modèles VGA et 6 dollars pour la haute définition à des fabricants japonais, chinois, coréens, européens et bientôt américains. Clause de confidentialité oblige, les noms de ces clients sont tenus secrets. Même le dernier iPhone d’Apple ne bénéficie pas d’un tel procédé de miniaturisation. Un savoir-faire salué en 2011 par le cabinet de conseil américain Frost & Sullivan, qui a élu Nemotek « compagnie innovante de l’année ».
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Le développement d’un prototype, conçu sur mesure, coûte entre 50 000 et 200 000 dollars, et sa production industrielle demande plus d’un an. À lui seul, le façonnage des pièces servant d’étalons pour la réalisation des lentilles prend une semaine. Si on abaisse le niveau d’exigence, les délais et les prix de fabrication peuvent bien sûr être contenus. « Nous sommes en train de concevoir des caméras dont le coût unitaire sera divisé par deux. L’objectif est de fournir les téléphones destinés aux pays émergents. Notre démarche intéresse des fabricants asiatiques », détaille le directeur général.
Entre l’achat des brevets à l’américain Tessera, la construction de l’usine et son équipement, le projet Nemotek a représenté un investissement de 100 millions de dollars. « Il n’y avait pas de culture de la fabrication microélectronique au Maroc. Les deux premières années ont presque entièrement été consacrées à la formation. Il faut trois à six mois d’apprentissage pour un technicien », explique José Gatta.
Lorsqu’il a succédé en 2010 à Jacky Perdrigeat, l’actuel directeur général a misé sur la diaspora marocaine. « Beaucoup de nos cadres travaillaient dans des multinationales telles que Freescale, Motorola ou STMicroelectronics. » Une politique qui a permis, entre autres, à Nemotek de profiter de riches carnets d’adresses pour sa prospection commerciale. Avec un certain succès puisque le chiffre d’affaires, de l’ordre de plusieurs dizaines de millions de dollars selon le patron, aurait été multiplié par huit entre 2010 et 2012.
À présent, la filiale de MedZ recherche un partenaire. Fabricants de téléphones, de caméras, et assembleurs figurent parmi les cibles potentielles. Une banque d’investissement a déjà été mandatée pour faire avancer le dossier, et un rapprochement est attendu avant la fin de cette année.
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