Rajaonarivelo trouble-fête

Publié le 15 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Ancien vice-Premier ministre de Didier Ratsiraka, secrétaire national de l’Action pour la renaissance de Madagascar (Arema) et opposant exilé à Paris depuis 2002, Pierrot Rajaonarivelo a tenté de rallier Madagascar à partir de l’île française de la Réunion. Sa première tentative a échoué, mais a suscité un émoi considérable dans le microcosme politique malgache. Le 7 octobre, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre Toamasina (ex-Tamatave) à bord d’un appareil de la compagnie Air Austral, l’aéroport où il devait atterrir a été fermé à tous les vols internationaux. « Jusqu’au 10 janvier 2007 », a précisé le ministère des Transports.
Rajaonarivelo avait décidé de rentrer au pays pour se présenter à l’élection présidentielle du 3 décembre, malgré les peines prononcées contre lui par la justice. Jugé une première fois par contumace en mars 2003, il a été condamné à trois ans de prison ferme pour « complicité d’usurpation de fonction ». Jugé de nouveau le 8 août dernier pour « immixtion dans le maniement des deniers publics », il s’est vu infliger quinze ans de travaux forcés assortis d’une interdiction d’exercer une quelconque fonction publique. Ce qui, en principe, l’exclut du scrutin présidentiel.
L’intéressé, qui s’est pourvu en cassation, a quand même tenté de déposer sa candidature dans les délais, raison pour laquelle il a d’abord tenté de débarquer à Toamasina, une ville frondeuse réputée fidèle à Didier Ratsiraka, l’ancien chef de l’État. Le 10 octobre, une manifestation de soutien organisée par l’Arema a d’ailleurs donné lieu à de sérieux accrochages avec les forces de l’ordre. Plusieurs personnes ont été arrêtées. Le 14, l’aspirant candidat envisageait de faire une nouvelle tentative et de gagner directement Antananarivo, à partir de Maurice.
Reste que la réaction des autorités n’est pas forcément très adroite. En voulant éviter de faire de Rajaonarivelo un martyr, elles renoncent à faire appliquer une décision de justice. En faisant de lui l’ennemi public numéro un, elles confèrent à sa candidature une crédibilité qu’elle n’avait peut-être pas. Enfin, elles contribuent à réveiller le vieil antagonisme ethnique qui a toujours opposé les hautes terres aux provinces côtières. Et à Toamasina, en particulier. Ce qui fait inévitablement le jeu de Rajaonarivelo, qui, dénonçant le sectarisme communautaire du gouvernement et s’efforçant d’apparaître comme le représentant ?des « côtiers », joue depuis plusieurs mois de cette corde sensible.

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