Premier essai atomique chinois

Publié le 15 octobre 2006 Lecture : 3 minutes.

C’est le 16 octobre 1964, dans le désert du Taklamakan, que la Chine a fait exploser sa première bombe atomique. Elle devenait ainsi le cinquième membre du « club nucléaire », avec les États-Unis, l’Union soviétique, le Royaume-Uni et la France. Ces pays, les seuls juridiquement reconnus comme « États dotés de l’arme nucléaire » par le traité de non-prolifération (TNP), sont aussi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU.
Deux autres pays, non signataires du traité, disposent aujourd’hui de l’arme nucléaire : l’Inde et le Pakistan. Ils ont fait tous les deux un essai militaire en mai 1998. Personne ne doute que c’est aussi le cas d’un autre non signataire, Israël, qui n’a, pour sa part, procédé à aucun essai atmosphérique, mais peut-être, en 1979, à un essai sous-marin dans l’océan Indien.
Bien qu’elle ait ratifié le TNP, la Corée du Nord s’est également dotée de l’arme nucléaire. Au grand scandale des cinq membres du « club », elle a procédé, le 9 octobre 2006, à un essai souterrain (lire en pages 4-6). L’Iran s’efforce depuis des années de se procurer l’énergie atomique à des fins officiellement civiles, mais, malgré les pressions des pays du « club », se refuse toujours à renoncer publiquement à des perspectives militaires.

L’Agence Chine nouvelle a annoncé l’essai de 1964 dans les termes suivants : « La Chine a fait exploser une bombe atomique le 16 octobre à 15 heures et a ainsi mené à bien son premier essai nucléaire. C’est une réalisation majeure du peuple chinois dans sa lutte pour augmenter sa capacité de défense nationale et s’opposer à la politique impérialiste de chantage nucléaire et de menaces nucléaires des États-Unis. Se défendre est le droit inaliénable de tout État souverain. Et sauvegarder la paix mondiale est la tâche commune de tous les pays épris de paix. La Chine ne peut pas rester passive et ne rien faire en face de la menace nucléaire toujours plus forte brandie par les États-Unis. Elle est obligée de procéder à des essais nucléaires et de fabriquer des armes nucléaires. »
Le communiqué rappelait que le président Mao Zedong avait déclaré que « la bombe atomique était un tigre de papier » et ajoutait : « C’était notre point de vue dans le passé et c’est toujours notre point de vue… En développant des armes nucléaires, l’objectif de la Chine est de briser le monopole des puissances nucléaires et d’éliminer les armes nucléaires. » Il précisait également : « Le gouvernement chinois déclare solennellement que jamais et quelles que soient les circonstances, la Chine ne sera la première à utiliser des armes nucléaires… [Elle] ne commettra ni l’erreur de l’aventurisme ni l’erreur du capitulationnisme. »
La bombe du 16 octobre 1964 était une bombe à fission utilisant de l’uranium 255, une « bombe A ». Le coup d’envoi du programme nucléaire avait été donné en janvier 1955 par Mao. Six accords d’assistance furent signés dans les mois suivants avec l’URSS, et des centaines de savants chinois reçurent une formation à l’Institut de recherche nucléaire Dubna, à Moscou. Mais la coopération nucléaire fut brusquement interrompue en juin 1959 à la suite de la détérioration des relations entre Mao et Staline. La Chine décida alors de poursuivre seule son programme atomique.
Après la bombe A, elle s’attaqua à la bombe H, la bombe à hydrogène, qui fut essayée pour la première fois le 17 juin 1967. Le dernier essai atmosphérique chinois eut lieu en 1980. Le 24 septembre 1996, la Chine signa le traité international sur l’interdiction des essais nucléaires. Elle a, au total, procédé à 23 essais atmosphériques et 22 essais souterrains – contre un total de 1 030 essais pour les États-Unis, de 750 pour l’URSS, de 210 pour la France et de 45 pour le Royaume-Uni.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires