Quel partenaire pour Air Mauritius ?
Après deux années de pertes, la compagnie mauricienne est en passe de revenir à l’équilibre. Mais pour sortir complètement de l’ornière, elle devra trouver un partenaire de premier plan. Air France ? Emirates ?
Air Mauritius va mieux. Début février, la compagnie a présenté un résultat trimestriel (octobre-décembre 2012) à nouveau bénéficiaire, de 6,1 millions d’euros. Si le groupe mauricien continue sur sa lancée, il pourrait présenter des résultats annuels à l’équilibre sur son exercice 2012-2013, qui se terminera fin mars. Après deux années de pertes aggravées par une crise de gouvernance qui a culminé fin 2010, ce serait une performance.
Ces chiffres encourageants témoignent des premiers effets du plan de redressement lancé début 2012 par le nouveau directeur général, André Viljoen, en dépit de la crise en Europe – d’où est originaire la majorité des touristes de l’île – et de la hausse des prix des carburants. « Nous avons rationalisé notre structure tarifaire, renforcé la gestion du rendement, continué de développer nos différents canaux de vente et renforcé notre présence sur le web », égrenait le Sud-Africain, interrogé en février par le quotidien mauricien Le Matinal.float: right;" height="148" width="200" />
L’ancien dirigeant de South African Airways a réussi à tailler dans les coûts de fonctionnement, avec une coupe de 13,7 millions d’euros sur le dernier trimestre 2012. Pour cela, le management a repensé les plans de vol de la compagnie. En Europe, il a supprimé les liaisons vers certaines destinations (Milan, Genève et Francfort) au profit de fréquences accrues vers Paris Charles-de-Gaulle et Londres Heathrow, les hubs de ses partenaires Air France (actionnaire à 8,5 %) et British Airways. Une stratégie qui a permis de réduire les coûts d’escale.
Dans le même temps, Air Mauritius a lancé des lignes vers les pays émergents. S’il continue de miser sur l’Afrique, avec la multiplication des rotations via Johannesburg, Le Cap et Nairobi, le groupe a aussi ouvert des routes vers l’est (Australie et Malaisie) et relancé des liaisons chinoises (notamment Shanghai). Au dernier trimestre, 42 000 sièges supplémentaires ont été proposés vers les destinations non européennes. Autre point crucial, Air Mauritius a revu ses contrats d’approvisionnement en carburant, mal négociés par le passé.
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Appalsamy Thomas, Air Mauritius
Cible
Pourtant, le groupe n’est encore qu’au milieu du gué. « Pour réussir sa restructuration, il doit s’arrimer à une compagnie de premier plan. Sans cela, il n’aura pas les moyens financiers pour renouveler sa flotte avec des avions plus économiques », affirme l’analyste Cheikh Tidiane Camara, du cabinet de conseil Ectar. Or l’alliance avec Air France, qui a les liens les plus étroits avec Air Mauritius (partage de code et du programme de fidélité notamment), semble compromise à court terme. Son PDG, Alexandre de Juniac, a démenti en janvier vouloir monter au capital de la compagnie mauricienne. « Air France pourrait le regretter », estime Cheikh Tidiane Camara, pour qui Air Mauritius est devenu une cible dans l’océan Indien, notamment pour desservir plusieurs îles voisines de Maurice, comme la Réunion, sur un même vol intercontinental. « Emirates pourrait profiter de ces atermoiements pour se positionner pour une prise de contrôle », prévient l’analyste.
Air Mauritius, contrôlé majoritairement par l’État (58,15 % du capital), devra aussi s’extirper de l’influence des pouvoirs publics. « Chaque alternance a entraîné des changements brutaux au sein du groupe », observe Cheikh Tidiane Camara. Le transporteur est familier des parachutages ratés, le dernier en date étant celui de Soobhiraj Bungsraz, embauché directement par le Premier ministre, Navim Rangoolam, en septembre 2010 : il n’a tenu que deux mois au poste de directeur général.
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